LA 1 Camus, La Peste (1947)
Dans : La Peste (seq2)
Par La prof le 05 décembre 2012, 10:58 - La Peste (seq2) - Lien permanent
Séquence 2
W.I.P. étude de l'extrait de La Peste : "Le mot de "peste" venait d'être prononcé (...) tant qu'il y aura des fléaux." et "Mais ce vertige ne tenait pas devant la raison. (...) L'essentiel était de bien faire son métier."
Introduction
(Rappel : "présenter" l'extrait > dire quelques mots sur l'auteur et le roman et situer le passage = dire ce qu'il est nécessaire de rappeler pour comprendre l'extrait.)
Situation : Rieux, docteur à Oran dans les années 1940, a remarqué de "curieux événements" : des rats sont morts puis son concierge. Castel, un autre médecin, vient de lui faire prononcer le mot "peste". Le personnage principal, qui est également le narrateur de cette "chronique", est à sa fenêtre et "réfléchit".
Cet extrait se présente donc comme une pause réflexive dans le roman avec ce monologue intérieur du personnage pris en charge par le narrateur.
Problématique : en quoi cette pause propose-t-elle une réflexion sur les réactions de l'homme face aux "fléaux"?
> chercher si ce texte est argumentatif et comment il est construit = comment les phrases s'enchaînent-elles ? Relever ce qui s'apparente à des mots-clés et tenter d'en proposer une définition (par exemple : fléau, humaniste, faire son métier...).
---
Quelques éléments remarqués et rappelés :
- le fait d'avoir dit le mot "peste" semble enclencher une mécanique tragique, fatale, que rien ne peut arrêter (cf la dernière phrase de la première partie : "L'état de peste est déclaré. Fermez la ville." cf construction en cinq parties comme les cinq actes d'une tragédie.
- l'absurde et la révolte :
- Rieux à la fois personnage principal et narrateur
-------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour vous aider, 2 cours de l'ENS sont en ligne :
- La première, ici (Sophie en a fait un compte rendu en commentaire - merci et bravo à elle !)
- La seconde, là
Commentaires
Suite à l'écoute du cours sur l'oeuvre de Camus, voici mes conclusions :
-Il se trouve que l'absurde est au centre de l'oeuvre de Camus. Le conférencier fait d'abord un parallèle avec le mythe de Sisyphe, homme condamné à rouler une pierre pour l'éternité. Celui-ci la pousse sans raison et sans espoir d'arriver à un quelconque but, mais néanmoins il le pousse, à la manière de quelqu'un qui vit parce qu'il s'agit de sa tâche. On en vient donc à l'une des "idées" de Camus qui est que l'on a deux choix dans la vie : la continuer ou l'arrêter. Ce rocher est, comme dit dans la vidéo, "la vérité qui roule dans l'esprit sans le détruire" car il ne fait rien de ce rocher. Ceci est comparable aux idées qui passent dans nos esprits sans être réfléchies, on se contente de répéter ces choses préconçues, de faire ces choses sans essayer de voir ce qu'elle sont réellement, de se remettre en question, de détruire la pseudo-argumentation de celles qui sont infondées.
Les personnages de Camus suivent une évolution : ils passent des fausses explications, des actes sans profondeurs qui rythment leur existence, à la découverte de la simplicité et l'authenticité des sentiments. Dans un monde sans Dieu, ils reviennent ainsi aux vraies valeurs qui animent la vie.
C'est là l'argumentation humaniste de Camus.
On peut d'ailleurs voir une continuité :
L'étranger, la Peste, Exil et Royaume.
Celui qui n'a pas encore découvert le royaume que peut représenter une existence spontanée et motivée par les sentiments humains. La quête de ce sens de la vie, avec l'apprentissage de la solidarité et surtout l'expérience de l'amitié dans un monde chamboulé par la destruction du sens qu'on avait tenté de lui trouver. Enfin ce titre, Exil et Royaume qui suggère toutes les interprétations citées auparavant.
Voici donc ce que peut représenter l'oeuvre de Camus, toujours en parallèle avec la pierre de Sisyphe, cette pierre qui retombe, comme les tentatives d'explications que l'on tente de trouver au sens de la vie peuvent être balayées. Cette manière qu'a Sisyphe d'éternellement la pousser, tout simplement parce qu'il ne connait rien d'autre.
Camus nous dit en quelque sorte, "ayez le courage de tout abandonner de cette existence absurde, pour partir en quête de quelque chose qui puisse avoir du sens."
Conclusion sur l’extrait de la peste étudié en classe :
Les réactions des habitants face à la peste sont multiples. Le choc et le déni sont les principaux sentiments présentés dans cet extrait. Les habitants dénient leur condition actuelle en faisant comme si de rien n’était et vivent leurs vies comme avant. Dans les extraits de la Peste, on nous dit ‘’qu’ils oubliaient d’être modestes’’. C'est-à-dire qu’ils oubliaient l’éventualité qu’ils étaient peut être atteint par la peste et la gravité de leur situation. Les habitants d’Oran réfléchissaient : c’était leur façon de se révolter. Pour Rieux par exemple, se révolter, c’était ‘’faire son métier.’’ C'est-à-dire sauver le maximum de gens pendant cette épidémie. La phrase d’introduction ‘’À ce point du récit’’ est une pause imposée par le narrateur pour que Rieux fasse part de ses pensées aux lecteurs, de l’avancée du récit et des évènements qui précèdent. Rieux est le narrateur et se permet de parler de lui à la troisième personne du singulier dans le récit de Camus. Cela ressemble à une mise scène entre Rieux narrateur et Rieux personnage avec pour décor la peste et comme personnages secondaires les habitants d’Oran.
Conclusion sur l'extrait de "La Peste" étudié en classe:
L'homme face au fléau ne va pas vouloir y croire. Il va penser à lui, il pense que c'est irréel mais tout au long de cette "pause", la répétition des mots clés tels que "peste" et "fléau" montre que le narrateur, lui aussi citoyen, dans l'irréalité va s'apercevoir que tout ceci est réel et l'envie de se battre grandira face à la mort qu'apporte la peste sur la ville d'Oran. Le narrateur va vouloir faire quelque chose d'utile pour la communauté, c'est-à-dire faire son métier: médecin.
Réponse à la problématique :
C'est une pause réflexive sur les réactions des Hommes qui sont confrontés à la peste à Oran. En effet, Rieux fait une interruption dans son récit pour laisser place à une réflexion sur le comportement des hommes face à un fléau. Dans ses propos, il passe sans cesse de l'abstrait au concret .
En temps de peste, un sentiment de peur et ensuite de solidarité naît entre les habitants d'Oran même si tous ne réalisent pas ou n'acceptent pas de voir la réalité en face. Etre atteint de la peste est d'abord considéré comme un malheur et ensuite une punition divine. Les gestes les plus banals vont prendre un sens nouveau à cause du mot " peste " et vont ensuite devenir des repères dans la vie de tous les jours : " L'essentiel était de bien faire son métier " comme le dit Rieux ( le narrateur ).
Rieux, personnage principal de ce roman, veut combattre ce fléau de peste qui s'abat sur la ville d'Oran, en Algérie .
Pour lui , cela est impossible que cela arrive aux concitoyens .
Il veut les protéger en étant solidaire, fraternel, à travers son aide.
Dans cet extrait Rieux est la première personne qui prononce le mot "peste". "L'état de peste est déclaré. Fermez la ville." .
L'effet ressenti ici est que les habitants d'Oran et Rieux s'étaient interdits jusqu'ici de prononcer ce mot par peur de faire face à leur réalité : contraints de vivre avec la peste . Chacun d'entre eux sait bien ce qu'il leur arrive mais ne cessent de le nier.
Rieux contrairement à eux ne veut pas baisser les bras et s'avouer vaincu face à la peste , il se révolte en accomplissant son métier lors de cette épidémie .
Le roman La peste d'Albert Camus amène à une réflexion sur les attitudes de l'humain. Face à ce fléau, les hommes ne prennent pas conscience de l'ampleur de la catastrophe. Quand la prise de conscience est faite, le mot de "peste" est prononcé pour la première fois. Le sentiment de peur puis de solidarité naît petit à petit. Rieux tient à faire son métier de médecin.