Les pages qui se tournent :

"Le frottement des feuilles entre elles pour passer à autre chose. Tout un univers écrit caché dans l’ombre d’un monde nouveau. Les pages se tournent les unes après les autres et font passer le temps. Ce bruit si plaisant à l’oreille ne se fait presque pas remarquer à travers les chuchotements des élèves ou le vent traversant les arbres dehors.

Le son de la connaissance, de la passion, et du calme. La feuille se tord, grimpe au zénith de son règne avant de retomber mollement sur la feuille précédente. Dans quelque temps, toutes les pages auront été lues, regardées, admirées et l’on pourra entendre un “pof” final fermant le livre de leur histoire.

 

Le bruit de la pluie :

  "Des plics et des plocs à ne plus entendre. Comme des soldats en plein combat, les gouttes tombent et s’accumulent les unes sur les autres. Un massacre de millions s’acharnant au plus haut des nuages pour faire chuter ces maigres gouttelettes tout autour de la terre. Un vacarme mélodieux doit se faire entendre dans cette hauteur sanglante, et pourtant, on ne perçoit que des misérables plics et plocs.

Un cri solitaire d’un malheureux de l’autre côté du globe, des larmes tombent par centaines, pourtant, on ne perçoit que des faibles plics et plocs.

Le dernier souffle d’un être cher emprisonné par son corps et ses engins, et pourtant, on ne perçoit que des pauvres plics et plocs.

Noyé dans l’océan du bruit, on n’écoute plus, on entend juste les derniers plics et plocs d’une journée enfermée à l’intérieur."

Simeth

Des pages qui se tournent:
Lentes fragmentations des esprits, les pages qui se tournent en se rabattant les unes sur les autres, s'entassent, pour prendre une forme de pavé. Elles sont touchées, tordues légèrement, et encore plus doucement et plus imperceptiblement froissées, pour être révélées au grand jour, sous le soleil des lampes pâles du plafond silencieux. Elles se tournent telles des pensées qui s’assemblent, au fil de leur passage sous notre peau, et font tourner nos pas vers le pays des illusions inventées.
Un écrit sur la pluie:
Les gouttes sur le rebord des fenêtres font comme la pulsation à mes tempes, irradiant sur mon cou et s’étendant jusqu’à trouver le sol. Inlassablement, les larmes de mon cœur coulent à mes pieds. Elles font le même “tic-tac” que les horloges; et contrairement à ce que je pense, elles s’arrêtent, petit-à-petit. Le paysage de mon corps en est revigoré. Ainsi nourri, il pourra mieux entendre le chant des oiseaux, leur chant frais du matin, celui dans lequel des perles de rosées éclatent comme des bourgeons printaniers. Rapides, des pas d’enfants enjoués résonnent depuis l’extérieur embrumé. Et tous ces éléments inventés me rappellent la joie de sentir le vent se lever en un immense concert, et voir sous mes bottes le goudron trempé. 

Isaya