Assis sous un grand chêne, je vois, j’écoute, je sens, je touche.

Pour mieux voir, je commence par fermer les yeux. Une douce mélodie résonne déjà dans mon oreille.

Un pivert, passe par là. Il s’est posé sur une branche au dessus de moi, je l’ai ressenti. Il se déplace en petit saut et fait vibrer le tronc tout entier. La branche craque. J’en suis à me demander si la branche était si fragile ou si le pivert était si gros. Il tapote le tronc, ce qui réveille toute une colonie d’insectes hébergés dans ce tronc. Chenilles, vers, larves, tous s’affolent déjà à l’idée de se retrouver dans le ventre de cet oiseau. Je porte mon attention sur le fin tapis de feuilles posées sur le sol. Ma main frôle quelques gouttes d’eau, mais ne se mouille pas. Les feuilles flottent sous mes mains, je me crois  toucher une mer. Pendant que ma main navigue  sur l’eau qui ne mouille pas, une feuille rebelle se pose sur mon nez. Je la laisse. Je doute fortement que les animaux autour de moi me jugent. Un écureuil qui passait de branche en branche s’arrête pour me regarder. Même sans voir, je sens ses petits yeux posés sur moi. La nuit tombe déjà. Un roucoulement se fait entendre de loin. La famille chouette se réveille. Des enfants à l’orée de la forêt s’agitent. Sûrement leurs parents conseillant de rentrer pour éviter d’attraper froid. Soudain, des bruits de pas. Ils s’approchent. J’ouvre les yeux. Il semble que mon voyage dans cette forêt s’achève. Mes responsabilités m’appellent.