déc.01
Le tatouage
dans la catégorie Histoires
Consigne : Inventez une nouvelle à partir du fait divers suivant : une jeune fille est dans un salon de tatouage de se faire tatouer le prénom de son petit ami, quand soudain son téléphone vibre : c'est un SMS de rupture !. Le tatouage n'est pas totalement terminé ...
Texte 1 :
"J’ai attendu d’interminables jours avant ce moment.
J’ai falsifié une autorisation parentale -ce qui m’a pris des heures- et pris rendez-vous avec un salon de tatouage tout en me cachant de mes parents. J’imagine déjà leurs regards horrifiés en voyant la chose. Ils m’auraient même expulsé de leur maison! J’exagère.
Cela fait quelques temps que je l’aime. Je l’ai rencontré dans le bus. Je l’ai regardé, il m’a regardé, je lui ai souri, et des creux sont apparus à l’extérieur de ses yeux pour témoigner de sa gêne, et des reflets humides sur leur couleur bleue amplifiaient son air mélancolique. Ça m’a touché.
Écrire Carlos -son prénom- sur ma peau m’a paru comme le symbole de mes sentiments pour lui.
C’est pourquoi les lettres C, A et R s’inscrivent douloureusement dans ma chair.
Mon téléphone vibre.
«Anne, je dois t’avouer quelque chose. Nous devons arrêter cette relation ici. Je n’ai jamais été si heureux. Seulement, ce soir, je ne serai plus à tes côtés. Je regrette sincèrement de ne pas avoir profité. J’aurais dû oser plus, faire des choses extraordinaires, et m’exprimer librement sur ce qui me tenait à cœur. Je veux juste que tu arrives, toi à profiter. Je suis gravement malade et je sais que demain, je disparaîtrai.
Adieu, qui sait.»
Quand j’ai reçu ce message, j’ai pris la main de la tatoueuse et je lui ai dit, en la regardant intensément dans les yeux:
«-Attendez.»
«-Poursuivez l’écriture mais cette fois-ci avec les lettres P, E, D, I, E et M»
-Carpe Diem
-Exactement.»
Isayas
Texte 2 :
Cinq ans. Depuis cinq années entières, lui et moi sommes ensemble. Cinq grandes années où la seule et unique personne à laquelle je dédie mes jours, mes nuits, ma voix, ma vie c'est lui : Finn.
Depuis quelque temps, il est distant de moi. Il ne me répond plus je t'aime, nous ne passons plus de temps ensemble à écrire nos deux prénoms sur des arbres. Plus d'Eve + Finn. J'ai donc pris la décision de le surprendre en me faisant tatouer son prénom sur mon bras gauche.
Ce prénom... Le seul qui a su faire battre mon cœur... Le seul à qui je dédierais ma vie, le seul pour qui je subirais une douleur atroce juste pour pouvoir garder ce prénom pour toujours.
"- Ça va, je peux commencer ?" demande le tatoueur qui a enfin fini de préparer son matériel tel un bourreau aiguisant sa lame.
Je prends une grande inspiration. Cette marque ineffaçable sur mon bras gauche était source de maintes réflexions. Malgré cela, je la trouve quand même nécessaire.
Je réponds dans un soupir :
"- Oui, vas-y."
Il s'approche de moi doucement, son arme prête à la main. Je ferme les yeux. Je sais que cela fera mal, je me suis préparée. Certains ont dit qu'ils n'arrivaient plus à sentir leurs bras pendant que d'autre crurent sentir celui-ci se détacher, ce qui était malheureusement des fois le cas...
L'appareil s'allume et je l'entends vibrer dans le vide. Il faut que je décompresse, il faut que-.
Je laisse s'échapper un petit cri, jamais je n'aurais pensé que cette douleur aurait été si aigue. J'ai l'impression qu'une centaine de couteaux se plantent simultanément dans ma peau. J'entrouvre un œil et je serre les dents. Sur mon bras, la première lettre, le "F" se forme et se construit. Je sens des larmes monter, mais je les retiens.
"Ding !"
Mon téléphone s'allume, une notification. Un message de Finn :
"Ecoute, Eve, je ne suis vraiment pas sûr que nous deux ça peut marcher. Ça fait quelque temps déjà que je voulais te le dire, mais j'ai commencé à voir quelqu'un d'autre et de l'aimer... Je suis désolé de te l'annoncer comme ça, ce n'est pas de ta faute, c'est la mienne... Tu mérites mieux. Désolé, mais toi et moi, c'est fini. Je te quitte."
Je lâche mon téléphone, la bouche grande ouverte, les yeux dans le vide.
Le tatoueur fait déraper l'aiguille. Mon bras est maintenant constellé d'une ligne pourpre bien droite saignait. Un trait ardent. Des larmes coulent sur mes joues. Ce ne sont pas des larmes de douleur, mais bien des larmes de tristesse. Je ne sens plus de douleur, et je reste plantée là assise sur cette chaise, le bras couvert d'une encre sanglante et d'une pluie de larmes.
La plaie ouverte se vide t lentement tandis que le tatoueur se précipite vers le téléphone fixe le plus proche.
Je contemple l'extérieur par la grande baie vitrée du magasin. Il fait soleil dehors, pourtant ma vue devient de plus en plus sombre. Les gens passent par-ci par-là, quelques-uns croisent mon regard, et peu comprenennt ce qui m'arrive.
Des voitures roulent à toute vitesse sur la route et je vois le visage de Finn partout. Il est là, avec une autre fille, moi dans sa main derrière un écran. Il tend la main vers moi et appuie sur "envoyer". Je suis propulsée en arrière, tant et si bien que le haut est bas et que l'amour est haine. Je tombe dans une mer sombre. De l'encre, tout est encre. Je ne vois pas le fond. Une main agrippe ma jambe et m'entraîne vers les abîmes de cet océan obscur. Un changement de couleur, le rouge. Des flammes. L'Enfer.
On me retrouvera sûrement par terre, l'avant-bras comblé d'une marque indélébile écrite à l'encre et au sang : "Fin".
Simeth
Texte 3 : Coincidence ?
"Elle s’était enfin décidée, elle allait graver son amour pour lui dans la marbre ou plutôt dans sa peau. Elle se tenait devant un magasin de tatouage, la poignée dans la main, son cœur palpitait douloureusement si fort qu’elle sentait le sang battre à ses oreilles. *Cling*. Elle entra dans la boutique et regarda autour d’elle d’un air hagard. Les murs étaient tapissés de milliers d’exemples de tatouages, des portraits côtoyaient des crânes grimaçants, des fleurs et des animaux rugissant mais surtout...des centaines de prénoms tels que celui qu’elle avait en tête. Cela la rassurait de savoir qu’elle n’était pas la seule à sauter le pas.
« Je peux faire quelque chose pour vous ? », une petite vieille venait de surgir, âgée d’une centaine d’années, seul de petits yeux malveillants dépassaient du comptoir . *Elle ressemble à un troll* pensa Magalie.
« Euh oui, j’aimerais me faire tatouer, un prénom pour être plus précise. La petite vieille lui fit signe de contourner le comptoir, intriguée elle obtempéra, elle découvrit alors une série de marches que la vieille avait dévoilées en soulevant une trappe, dissimulée dans le plancher
- " Je...
- "Allez y, vous voulez bien vous faire tatouer non ?
- "Je...oui
"Bon alors allez y, je n’ai pas ma journée pour gâcher ma vie moi
La vieille la poussa dans les escaliers, faisant preuve d’une force étonnante et lui referma presque la trappe sur la tête.
Elle descendit la volée de marches et arriva dans une pièce lugubre, nue, d’une blancheur cadavérique, des lambeaux de peintures s’écaillaient du murs comme des bouts de peau et un parfum métallique saturait l’air. Au milieu, un fauteuil de barbier attendait bien sagement que quelqu’un ose s’approcher
" Bah va y, assis toi "..
Une femme venait d’apparaître, elle portait un florilège de bagues en métal et semblait transpercée de partout par des piercings aux allures les plus étranges les unes que les autres, sur son front deux bosses pointaient de par et d’autre de son crâne comme si l’on y avait enfoncé du plomb. Sur sa peau, elle n’avait plus de peau, seule une marée d’encre était visible, recouvrant chaque centimètre de sa peau comme si une maladie se repandait sur son épiderme.
"Je...Je voudrais juste me faire tatouer, s’i...S’il vous plaît"
La femme explosa de rire : "Oh ma pauvre, encore une idiote sur cette terre"
"Pardon ?!"
" Non rien allez vient t’asseoir.
Elle s’assit doucement sur la chaise, s’attendant à ce qu’elle se referme sur elle à toutes instants
" Bon alors, c’est quoi son nom ?
"Tibor
"Tibor, t’as vraiment pas de chance ma pauvre mais ne t’inquiète pas, ce prénom sera juste écrit définitivement sur ton bras "
La femme éclata de nouveau de rire, semblant apprécier l’ironie de la situation, que elle seule comprenait
"Bon prépare toi, ça va sûrement un peu stimuler tes terminaisons nerveuses"
A ces mots, une soudaine douleur fleurit dans la bras de Magalie, elle essaya de hurler mais le souffle lui manquait, c’était comme si un scalpel lui ouvrait le bras, prenant son temps pour couper chaque petite cellule de façon minutieuse et individuelle. La première lettre mit une éternité à se tracer mais elle tenait bon...pour lui. Au bout d’un moment elle demanda à faire une pause, la douleur étant devenu insupportable.
"Ok, surtout que tu vas avoir besoin de tes deux mains pour répondre à ce message " répondit la femme
*Ting* pile à ce moment, comme déclenché par ces mots, elle reçu un message et la femme éclata de rire...Encore.
" Vas y regarde"
Magalie n’avait plus de mot, elle n’arrivait plus à lire la suite du message, ses yeux se brouillèrent et des larmes roulèrent sur ces joues, tombant en petites flaques sur son téléphone.
" C’est lui"
Elle ne comprenait pas peu être avait elle mal lu ? Oui c’était sûrement ça, elle reprit sa respiration essuya ses joues et se remit à lire :
« Salut Mag, ça fait un petit bout de temps que je voulais te le dire
mais bon voilà, je te quitte, j’ai rencontré quelqu’un d’autre
et j’ai recommencé ma vie donc prend juste soin de toi,
Adieu. »
Le doute n’était plus permis, Elle ne savait plus comment réagir, son corps était comme anesthésié, des larmes bloquées dans sa gorge l’empêchaient de respirer. Elle laissa tomber son portable et son monde explosa.
" Je...Je crois qu’on finira un autre jour, j’ai, j’ai eu un imprévu..."
Il fallait garder le contrôle, au moins devant cette horrible femme, juste histoire de donner illusion.
" Ah bon ? (la voix de la femme semblait étrangement goguenardes :) je te mets juste une bande et tu pourras y aller, mais sache que tu n’as actuellement qu’un T tatouer sur ton bras.
" D’accord, je reviendrai"
Magali attrapa son sac, son manteau et se précipita à l’extérieur. Dehors, ses barrières cédèrent, elle laissa couler ses larmes et commença à courir, pour essayer de semer un peu de tristesse dans ses pas. La pluie s’en mêla et elle commença à se noyer sous tout cette eau, heureusement la gueule d’une station de métro se profilait au coin de rue, elle s’y précipita donc, espérant s’y mettre à l’abri. Elle rentra dans la première rame, en ne sachant où aller, ni où elle la conduisait. Comme pour la laisser respirer, celle-ci était vide. Elle s’assit sur un siège, concentrée sur ses pieds qui se tortillaient par terre, devenus inutiles, ne sachant plus que faire maintenant. Un mouvement attira son attention, un inconnu était assis devant elle, il la regardait gentiment, et ne pouvait détacher son regard de ses yeux gris.
Elle avait comme statufié.
A croire que l’inconnu était médusé. Ce moment lui parut durer une éternité, pourtant, ce ne fut que le temps d’un battement de cil, l’inconnu descendit à la station et elle le regarda se dissoudre progressivement dans la foule.
Même Tibor ne lui avait pas causé autant d’insomnies. Elle pensait à lui nuit et jour, au point de ne plus dormir, de ne plus manger, comme, si sa vie ne pensait plus qu’à aimer. Elle était captivée par ses grands yeux gris qui lui rendaient visite toutes les nuits. Elle se mit à prendre ce métro tous les jours, même s’il lui fallait faire d’énormes détours, comme si ne plus le revoir de nouveau était inimaginable.
Il fallait qu’elle le revoit, au moins pour récupérer son coeur et son sommeil. Au bout de deux mois, elle desespérait de ne le croiser à nouveau. Elle était dans ce fameux métro, mais c’était la dernière fois qu’elle le prendrait : elle allait déménager.
Le coeur lourd, elle descendit de la rame à sa station, consciente qu’elle venait de le perdre définitivement. A force de penser, elle bouscula quelqu’un, elle marmonna une excuse, regarda le sol et tenta d’esquiver l’étranger. Mais il lui attrapa la main. Prête à protester, elle releva viscéralement la tête. Elle fut pétrifiée : c’était lui.
Elle avait beau avoir rêvé de cette rencontre des milliards de fois, elle n’était pas préparée au choc de le revoir. Elle plongea son regard dans le sien, et comble du bonheur : Il lui sourit ?
Mais il enleva sa main, et monta dans la rame, les portes se refermèrent sur lui.
Magali se demandait si elle n’avait pas rêvé, seul le contact rugueux du papier qu’il avait glissé dans sa main lui disait le contraire.
Elle le garde là où il l’avait glissé, et marche jusqu’à chez elle. Elle défit délicatement la structure fragile ne voulant pas détruire le petit papier, plein de souvenirs.
Son écriture était concise et lisible allant à l’essentiel :
« Lundi, rue du Pavement, 18h00. Signé Mr Turan»
Drôle de façon de signer, mais elle ne s’en souciait pas, toute son attention était dédié à son bonheur prochain, plus d’une semaine à attendre, ça allait être long. Soudain, elle se figea, elle venait d’avoir une idée, completement folle, mais qui paraissait si séduisante qu’elle prit son téléphone et demanda un rendez-vous à 10 heures. Elle savait que ce qu’elle allait faire pour camoufler les premières lettres de Tibor. . Contente d’avoir pris tant de « bonnes décisions », elle s’écroula sur son lit et dormit, espérant le voir cette nuit…Enfin voilà une semaine qu’elle attendait cet instant. Elle se sentait ridicule dans ce rôle, avec ses talons, elle se sentait comme perchée sur des échasses, vacillant à chaque pas. Mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. Ne pouvant trop marcher, elle avait prit le taxi.
« C’est ici mademoiselle »
Elle régla le taxi, laissant un pourboire à l’image de son excitation. Elle fut d’abord très surprise, elle était devant une petite ruelle mal éclairée. Des flaques parsemaient l’alsphalte et des poubelles étaient décimées un peu partout. Etrange, elle se retrouve à se demander au chauffeur s’il ne s’était pas trompé, mais il était déjà parti. Elle s’avança prudemment :
« Il y a quelqu’un ? »
Manifestement, seuls des chats passaient par là. En attendant sa réponse, elle fit demi-tour et il était là. Il se tenait là, souriant comme s’il l’attendait. Il s’avança doucement dans la rue, elle ne le regardait pas dans les yeux. Il la prit délicatement dans ses bras et se moment magnifique fut récompensée par une sensation de chaleur, un incendie s’était déclaré dans son ventre. Elle baisse les yeux et…
Elle n’osa croire à ce qu’elle vit, un manche dépassait de son ventre, et du sang commençait à s’étendre autour de la blessure. Cela ressemble étrangement à une rose fleurissant pour la première fois. Aucun cri ne réussit à franchir ses lèvres, seule une question s’y forma : « Pourquoi ? ». Elle commença à tomber, l’inconnu la rattrapait dans sa chute, jusqu’à la poser délicatement sur le sol. Plus la douleur de sa blessure s’intensifiait, plus le froid semblait s’installer dans son corps. Elle voyait que l’inconnu souriait et la regardait avec avidité, comme s’il se nourrissait de sa vie.. Elle commençait à partir, le monde devenait de plus en plus sombre.
«Désolé, c’est le jeu»
20h50, un communiqué spécial nous est parvenu, une femme a été retrouvée morte dans une ruelle. Il semblerait qu’elle a été poignardée. Le seul indice pour la police, un tatouage sur son bras, un nom : « Turan ».
Ou coincidence ce nom est celui du dieu de l’amour dans la mythologie étrusque.
L’assassin serait-il l’Amour ?
Margot