Voilà une semaine que je n'ai pas vu la lumière du jour. Enfermée, seule et surtout innocente. Mais allez leur expliquer que c'est une erreur.

Tout a commencé bien avant ma naissance.Ils sont apparus en même temps que la terre. Ils ont participé à la disparition des dinosaures. Ils ont fait évoluer l'homme. Ils ne meurent jamais, n'ont pas de pitié et se nourrissent de sang. Mais surtout, Ils sont peu nombreux. Mes parents en faisaient partie, mais ils avaient été transformés contre leur gré. Ma mère était déjà enceinte de moi, alors Ils ont attendu qu'elle ait accouché pour la transformer. M'élever fut très difficile pour mes parents. Si difficile qu'ils préférèrent s'enfuir plutôt que de me laisser mourir. J’étais un ravissant bébé, avec mes petits yeux verts, plantés sur ma petite bouille ronde, entourée de cheveux fins et blonds. Mes parents avaient espéré que je serais un humain normal, mais je montrais déjà les signes qui les caractérisaient: j'entendais, je sentais et je courais mieux que la plupart des Hommes. Je n'allai pas à l'école, mon père me servait d'enseignant et je n'avais donc pas d'ami. Je ne savais pas grand chose sur eux, juste qu’ils recherchaient mes parents et qu'ils étaient dangereux. Je n'avais pas le droit de sortir de la maison toute seule. J'étais cachée aux yeux de tous. Je m’ennuyais à mourir, aussi mes parents m'offraient régulièrement des cadeaux, tous plus chers les uns que les autres. Malgré ces attentions, je dépérissais à vue d’œil. Il me fallait des amis et je les maudissais, les haïssais de plus en plus, après tous, ils avaient gâché mon enfance, en transformant mes parents, mais je ne me plaignais pas. Je savais que c'était particulièrement difficile pour eux d'avoir abandonné les leurs. Mes parents se nourrissaient de sang, une fois par jour, dans la forêt, en prenant soin de fermer la porte à clef derrière eux. Pendant treize ans, je passai le temps en me disant qu'un jour meilleur arriverait. Comme quoi, on peut toujours se tromper!

Le jour de mes quatorze ans, pendant que mes parents étaient partis se nourrir, je transgressai l'interdiction et je sortis de la maison par la fenêtre. Dehors, il faisait froid mais il n'était plus temps de faire demi-tour. D'un pas décidé, je m’enfonçai dans le brouillard glacial et humide. Les rues se ressemblaient toutes, si bien qu'à la fin, je me perdis. D'un pas hésitant, je tournais à droite à une intersection et je tombais sur des silhouettes entourées d'une grande cape qui ne laissaient rien apercevoir d'eux. Je rebroussai chemin et me mis à courir le plus vite possible. Je commençai tout juste à être essoufflé quand une main m'attrapa par mon pull et me tira en arrière. Je hurlai en regrettant d'avoir quitté la sécurité de ma maison quand, soudain, je reçu un choc et je m’évanouis. Quand je me réveillai, j'étais dans une pièce sale pourvue seulement d'un lit au draps rouges, d'un lavabo qui gouttait et de toilettes usées. La tapisserie des mur, grise de saleté, se décollait par endroit. Tout autour de moi, le sol était maculé de taches, sûrement de sang. Cet endroit commençait à me faire froid dans le dos, d'autant plus qu'il n'y avait pas de fenêtre. Pendant une semaine, je restai enfermé dans cette pièce. On m'apportait régulièrement à manger en ouvrant un judas dans la porte. La nourriture était infecte, on me servait toujours la même chose: un bouillon dans lequel flottaient des espèces de morceaux de viande filandreux ainsi qu'une cruche d'eau usée. On me laissaient enfermé sans rien pour me distraire. Mes parents devaient êtres fous d’inquiétude! A la fin de la première semaine, la porte s'ouvrit enfin, mais, étant donné que cela faisait une semaine environ que j'étais enfermée, je fus éblouis net ne pus pas voir le visage de l'homme qui était devant moi.

-Suis-moi,me dit-t-il.Il avait une voix harmonieuse et profonde qui me mit tout-à-coup en confiance, bien que se soit, ou qu'il obéisse sûrement à mes ravisseurs. Il m'amena dans une grande salle en pierre au milieu duquel était déroulé un tapis rouge qui menait à un trône en or sertit d'émeraude et sur lequel était assis un homme. Son visage était d'une beauté à couper le souffle et était entouré de boucles couleur caramel qui tombaient sur ses épaules. Il était musclé, grand et mince. J'avais soudain envie de toucher sa peau blanche pour voire si elle était aussi douce qu'elle en avait l'air. Ses yeux rouges me fixaient de leur regard hypnotisant, et à ce moment là, j'étais prête à faire n'importe quoi pour lui plaire, bien que j'eus deviné que c'était lui qui poursuivait mes parents.

Il m'observa de son regard pénétrant et laissa passer un long silence avant de se décider à parler.

Il susurra, d'une voix soyeuse et froide : «tu es bien la fille de ta mère...Tu nous poses beaucoup de problèmes, tu sais? Cela fait longtemps que nous te cherchons, et nous doutions même que nous arriverions à te trouver»! Mais tu nous as facilité la tache.»

Je frissonnais, comprenant enfin de quoi mes parents m'avaient protégé. Il passa sa langue rouge sur ses lèvres pincées mais pulpeuses. Il les retroussa et je vis de longues canines blanches et acérées. Il se leva et me dominant de sa taille, il avança à pas lents et fluides vers moi. Inconsciemment, je reculais, et me cognais contre l'autre homme qui m'avait amenée, et qui n'avait pas bouger d'un pouce. Celui-ci dit quelque chose, mais si rapidement que je n'en compris pas un mot et il me reconduisis dans ma «chambre». Je me pelotonnais contre le mur et m'endormis. Quand je me réveillais, un repas chaud était posé sur le lit. Après avoir mangé, le jeune homme de la veille, toujours aussi beau, me conduisit dans la «salle du trône», où m'attendait le vampire. Il fit un vague signe de la main et celui qui m'avait conduite jusqu'ici quitta la salle me laissant seule avec lui. Il marcha dans ma direction, magnifique et puissant, conquérant et fier. Soudain, prise d'une peur subite, je courais en direction de la porte, mais il me rattrapa immédiatement. Maintenant, il était excité, et je savais que j'allai lui servir de repas. J'eus une pensée pour mon père et ma mère, priant pour qu'ils ne tentent pas de me venger. Il me mordit violemment le cou, et je sentis une douleur aigu m’envahir . J'entendais une musique, monotone et envoûtante. Je sentis qu l'on me portais et que l'on me déposait sur mon lit. Je restai seule, seule avec la musique dont je ne connaissais pas la source. Je luttais contre la douleur, résistance dérisoire contre la mort. Soudain, je compris que la musique étais en fait le bruit de mon cœur. Je savais que je ne tiendrai pas longtemps. Je m'abandonnais à la souffrance et fermais les yeux définitivement. Puis la musique s’arrêta.

FIN

Alix B.N 5ème 2015