mar.30
L'Affiche rouge
dans la catégorie HdA 3ème
Affiche de propagande de l’État français (gouvernement de Vichy), placardée après le 21 février 1944.
Une affiche de propagande est un document historique. Elle est un outil de propagande pour un gouvernement.
Une affiche de propagande est un document visant à influencer l’opinion d’une population. Dans l’objectif de convaincre la population au sujet d’une idée précise, elle modifie la réalité, exagère certains éléments. Pour toucher le plus de personnes, elle utilise des images simples et des slogans percutants.
Comment étudier une affiche de propagande ?
Pour étudier une affiche de propagande, il faut :
Comprendre la composition (premier plan, deuxième plan…). Repérer le titre, le slogan, et les mots mis en avant. Comprendre l’utilisation des couleurs. Comprendre le sens de l’utilisation de certains symboles. Comprendre le message général de l’affiche
Réalisée par les services de propagande allemands dans le cadre de la lutte contre les actions armées de certains mouvements de la Résistance, considérées par l'occupant comme non-conformes aux lois de la guerre (la France ayant signé l'armistice en juin 1940) et assimilées à du terrorisme.
Ainsi cette affiche présente la photographie de quelques membres du réseau Manouchian : groupe de travailleurs immigrés venus en France avant la guerre et affiliés aux communistes des FTP (Francs-tireurs et partisans). Le PCF offre alors, avec la MOI (main-d’œuvre immigrée), un vecteur d’intégration dans la société française tout en respectant les identités d’origine. Le dirigeant du réseau est Missak Manouchian d'origine arménienne.
L'affiche est basée sur l'opposition entre les photos des résistants (placées en haut de l'affiche) et les clichés des résultats de leurs actions (partie basse de l'affiche). La composition en triangle de la partie haute les désigne comme responsables des destructions jugées intolérables par l'occupant et le gouvernement de Vichy.
Retouchées pour masquer les traces de torture des condamnés, ces photos évoquent celles des détenus de droit commun (criminels) et insiste sur les noms à consonance étrangère de ces hommes, la nationalité, la religion, l'appartenance politique... Les créateurs de l’affiche tentent de faire renaître la xénophobie et l’antisémitisme chez les Français.
En mettant en valeur ce sentiment de violence, l'affiche remet en cause le rôle de libérateurs des résistants, les accusant de n'être que des criminels. Imprimée à 15000 exemplaires et placardée dans Paris, elle veut les discréditer aux yeux de l'opinion publique au moment où une action majeure des Alliés pour reconquérir le territoire national semble imminente ; choix des couleurs important : le rouge (agressivité, sang, violence et communisme assimilé au terrorisme), le noir (mort).
Les 23 membres du réseau Manouchian sont jugés et fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien. Olga Bancic, seule femme du groupe, sera transférée en Allemagne pour y être décapitée.
Cet épisode de la lutte contre l'occupant a inspiré le poète Louis Aragon dans son œuvre Le roman inachevé : l'un de ses poèmes, Strophes pour se souvenir, évoque le sacrifice de ces résistants d'origine étrangère pour la libération de la France (immortalisé en musique par Léo Ferré).
La propagande allemande et collaborationniste n’atteint cependant pas son but. Son contre-effet est même spectaculaire.Elle manquera son but puisque l’affiche suscitera un grand mouvement de sympathie dans la population et restera comme le symbole du combat des étrangers contre l’Occupation.
"Je meurs en soldat régulier de l’armée française de libération » : tels sont quelques mots de la dernière lettre que Missak Manouchian adresse à sa femme, Mélinée, avant d’être exécuté. Une lettre qui inspirera, comme « l’Affiche rouge », le poème d’Aragon "Strophes pour se souvenir", immortalisé par Léo Ferré, qui évoque le sacrifice de ces résistants d'origine étrangère pour la libération de la France.
Né en 1906 à Adiyaman, dans l’Empire ottoman, Missak Manouchian a été profondément marqué par son identité arménienne, d’autant plus qu’à l’âge de neuf ans il voit ses parents et une bonne partie de sa famille massacrés par les Turcs. Il est -finalement recueilli avec son frère dans un orphelinat, en Syrie, pays sous mandat français, ce qui le conduit tout naturellement en métropole en 1925. Cet ancrage identitaire se retrouve dans son engagement politique et culturel : il fonde deux revues littéraires et rejoint le PCF en 1934.
Il prend, après la débâcle, la direction de la section arménienne de la M.O.I. Mais il est surtout connu pour sa résistance militaire : en février 1943, il rejoint les FTP-MOI où, en août, il succède à Boris Holban comme responsable militaire pour la région parisienne, quand ses maigres troupes (65 tout compris) sont les seules à mener la lutte armée à Paris. La police parisienne a fait des ravages et c’est elle qui, après des mois de filature, démantèle le groupe.
Les Allemands souhaitent profiter de cette vaste rafle pour lancer une campagne de propagande antisémite et xénophobe. Tel est l’objet de « l’Affiche rouge » placardée au moment où 23 membres du groupe sont jugés. La propagande allemande et collaborationniste n’atteint cependant pas son but. Son contre-effet est même spectaculaire puisque l’affiche suscitera un grand mouvement de sympathie dans la population et restera comme le symbole du combat des étrangers contre l’Occupation.
Les visages des résistants suscitent immédiatement l’admiration et la sympathie de la population.
La Résistance répond, dans la presse clandestine et par voie de tracts, à cette campagne et a ses intentions xénophobes et antisémites. Le peintre Enrico Pontremoli réalise et imprime des macarons a l’effigie d’Hitler, collés en lieu et place des photos des suppliciés.
Nombreux aussi sont les anonymes qui déposent des fleurs au pied des affiches, collent des bandeaux sur lesquels on peut lire ≪ Des martyrs ≫ ou encore ≪ Oui ! L’armée de la Résistance ≫.
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