Un article de Libération relate les déboires d'un jeune homme qui est passé par Internet pour déclarer sa flamme.
Une vidéo présentée au festival de Toronto montre, entre autres, les relations amoureuses d'un adolescent d'aujourd'hui.
22 octobre 2013
Par Mme Vadelorge le 22 octobre 2013, 10:40 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique
Un article de Libération relate les déboires d'un jeune homme qui est passé par Internet pour déclarer sa flamme.
Une vidéo présentée au festival de Toronto montre, entre autres, les relations amoureuses d'un adolescent d'aujourd'hui.
19 septembre 2013
Par Mme Vadelorge le 19 septembre 2013, 19:52 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique
Vous pouvez lire un article sur le site de Télérama à propos de la possibilité d'échanges anonymes sur un Internet alternatif, le Darknet.
01 septembre 2013
Par Mme Vadelorge le 01 septembre 2013, 11:06 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique
Pensez également à écouter ou podcaster l'émission "Place de la toile" sur France Culture : elle est entièrement consacrée aux usages d'Internet.
20 mai 2013
Par Mme Vadelorge le 20 mai 2013, 20:20
Vous pouvez voir ces sujets sur le site Magister.
23 avril 2013
Par Mme Vadelorge le 23 avril 2013, 22:40 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique
Ci-dessous, la présentation du thème par le Bulletin officiel du 25/01/13:
Les échanges de paroles tissent les liens dont tout individu a besoin pour trouver sa place dans le groupe, la communauté, la société. Comment les nouvelles modalités de ces échanges prolongent-elles ou, au contraire, bouleversent-elles notre façon de penser la construction de soi, les relations humaines, les interactions avec les autres et avec le monde ?
Écrit/oral
Les échanges de paroles font intervenir une langue particulière, écrite ou orale. Les codes langagiers sont à prendre en compte dans leur diversité : codes spécifiques de l'échange épistolaire, codes de la conversation courante, codes des échanges numériques. Ces derniers brouillent les catégories de l'écrit et de l'oral : les échanges numériques, qui semblent instantanés et éphémères, laissent pourtant des traces tant il est encore vrai que « les paroles s'envolent et (que) les écrits restent ». Dans ces conditions, quels codes apprendre, à quelles normes se référer pour communiquer ?
Privé/public
Par ailleurs, la communication est régie a priori par des critères différents selon le caractère privé ou public de l'échange. Cette distinction semble cependant remise en cause par les réseaux sociaux qui rendent la vie privée accessible à des publics apparemment choisis. Construit-on son identité de la même façon dans un espace protégé - celui de la famille ou d'un cercle d'amis proches - et dans un réseau social ouvert ? Peut-il y avoir encore de la spontanéité dans les échanges ?
Professionnel/amateur
Qui détient une parole légitime ? Les frontières se brouillent entre la parole des experts, la parole reconnue, et la parole de tous et de chacun. Les blogs contribuent à forger les opinions. Ne risque-t-on pas de perdre la qualité professionnelle de l'appréciation portée sur une information ?
Lieu de pouvoirs/espace démocratique
Du fait du brouillage des codes, la conversation sur internet nivelle les relations hiérarchiques en rendant tout un chacun apparemment accessible. Chacun peut entrer dans une discussion, connaître la pensée de l'autre ou progresser dans la sienne grâce aux interactions entre plusieurs interlocuteurs. Les nouveaux moyens de communication permettent aussi de se constituer en lobbys pour influencer une décision, contourner les médias officiels, pour faire entendre une autre voix, résister à des pouvoirs autoritaires. Mais ces mêmes moyens peuvent être le lieu où se renforce l'expression d'un groupe de pression, qui diffuse des affirmations sans citer ses sources, fausse les informations, avec une efficacité redoutable. Les nouveaux moyens de communication aident-ils à mieux exercer la citoyenneté ?
Proximité/distance
Les lieux de communication traditionnels (la salle de banquet, le café, les salons, etc.) influent sur l'échange. La relation entre interlocuteurs est réinterrogée par les nouvelles technologies. En présence ou à distance (par la lettre, le téléphone, le courriel, les messageries et le contact vidéo), qu'est-ce qui se joue dans ces formes de dialogue ? Quels changements, quels gains, apportent les relations virtuelles par rapport aux relations directes en face à face ?
Continuité/discontinuité
La facilité des échanges, qui reposent sur des moyens techniques en permanence disponibles, permet une relation ininterrompue. Or se donner le temps de la réflexion, prendre de la distance avant de poursuivre et de revenir à une situation et, dans cette interruption, avoir mûri, progressé, organisé sa pensée, permet de mieux fonder son jugement. Cette manière de former ses idées a-t-elle encore un sens à l'heure des échanges spontanés, permanents, continus ? Le temps de la réflexion est-il le garant indispensable de la qualité de l'échange ?
Indications bibliographiques
Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique.
Littérature
I. Asimov, Face aux feux du soleil, 1957
D. Daeninckx, Camarades de classe, 2008
Ph. Delerm, Quelque chose en lui de Bartleby, 2009
W. Gibson, Neuromancien, 1985
J. Franzen, Freedom, 2011
G. Feydeau, La Puce à l'oreille, 1907
E. Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950
La Bruyère, Les Caractères, « De la société et de la conversation », 1688
D. Glattauer, Quand souffle le vent du nord, 2011
S. Larsson, Millenium, 2005-2007
Molière, Les Précieuses ridicules, 1659 ; Le Misanthrope, 1665 ; Les Femmes savantes, 1672
M. Proust, Du côté de chez Swann, « Un amour de Swann », 1913
Y. Réza, Conversations après un enterrement, édition 2004 ; Le Dieu du carnage, 2008, repris au cinéma par Roman Polanski (Carnage, 2011)
N. Sarraute, Les Fruits d'or, 1963 ; Pour un oui ou pour un non, 1982
W. Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, 1600
Essais
Books, dossier « Cinq cent millions d'amis », octobre 2010
La Conversation, collection Mutations, Autrement, 1999
Internet et les réseaux sociaux, La Documentation française, 2011
« Nos vies numériques », Sciences humaines n° 229, août-septembre 2011
D. Cardon, La Démocratie internet : promesses et limites, Le Seuil, 2010
A. Casilli, Les Liaisons numériques : Vers une nouvelle sociabilité ? 2010
Y. Citton, L'Avenir des humanités, Économie de la connaissance ou cultures de l'interprétation ? 2010
M. Doueihi, La Grande Conversion numérique, 2008
P. Flichy, Le Sacre de l'amateur : sociologie des passions ordinaires à l'ère du numérique, 2010
M. Fumaroli, Trois institutions littéraires, 1994 ; Quand l'Europe parlait français, 2001
E. Godo, Une histoire de la conversation, 2003
E. Lazega, Réseaux sociaux et structures relationnelles, Que sais-je ? 2007
P. Mercklé, Sociologie des réseaux sociaux, 2004, 3ème édition, 2011
Films, séries télévisées
Mary and Max, Adam Elliot, 2009
Vous avez un message, Nora Ephron, 1998
The social network, David Fincher, 2010
L'Esquive, Abdellatif Kechiche, 2004
Ridicule, Patrice Leconte, 1996
Carnage, Roman Polanski, 2011 (repris de la pièce de Yasmina Réza, Le Dieu du carnage)
Le scaphandre et le papillon, Julian Schnabel, 2007
Denise au téléphone, Hal Salwen, 1995
Catfish, Henry Joost, Ariel Schulman, 2010
Contagion, Steven Soderbergh, 2011
Bref (Canal +)
Les Deschiens (« Le Bavard »)
Friends
Sites internet
Blogs des quotidiens de la presse écrite
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SOCIO_001_0025 : « Exposition de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux » (Fabien Granjon, Julie Denouël)
http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=SOC&ID_NUMPUBLIE=SOC_079&ID_ARTICLE=SOC_079_0075&FRM=N&REDIR=1 : « Smart mobs, Les communautés intelligentes mobiles ; comment reconnaître le futur quand il vous tombe dessus ? » (Howard Rheingold)
prospective-numerique.gouv.fr/place.publique
http://eduscol.education.fr/pid25134/seminaire-metamorphoses-livre-lecture.html : « La rémanence du livre dans les nouveaux dispositifs de communication » (Valérie Jeanne-Perrier) ; « Un nouvel imaginaire de lecture à travers ses représentations visuelles » (Julia Bonaccorsi)
Mots clés
Correspondance, billet, lettre, carte postale, télégramme, message, texto, SMS, internet, réseaux sociaux, blog, twitter, facebook, skype
Conversation, dialogue, échange, communication, fonction phatique, fonction expressive, fonction impressive
Manuel de conversation, code, civilité, politesse, transgression, abréviation, phonétique, smiley, orthographe, norme
Parler, discuter, argumenter, affirmer, écouter, réfléchir, réagir, contredire, admettre, nuancer
Se dévoiler, se confier, s'épancher, être sincère, mentir, s'exposer, se vanter, page personnelle, profil, narcissisme, altérité, identité
Colporter, diffuser, divulguer, propager, créer le buzz, rumeur, information, qu'en-dira-t-on, réputation, cancans, ragots, marketing viral
Intimité, anonymat, silence, protection de la vie privée, confidentialité, discrétion, secret, meuble secrétaire, pudeur
Vitesse, immédiateté, temps réel, spontanéité, retenue, réserve, atermoiement, procrastination
Ami, association, coterie, cercle, club, communauté, forum de discussion, réseaux sociaux
Élégance, préciosité, affectation, naturel, franchise, ostentation
Expressions : tourner sa langue sept fois dans sa bouche, avoir l'esprit d'escalier, saisir la balle au bond, parler pour ne rien dire, répondre du tac au tac, tourner autour du pot, mdr, lol.
Par Mme Vadelorge le 23 avril 2013, 22:37 - Cette part de rêve que chacun porte en soi
Ci-dessous la présentation du thème par le bulletin officiel du 25/01/13
Problématique
Le rêve se définit spontanément par opposition à la réalité. Il est généralement tenu pour une parenthèse de la conscience, une phase particulière du sommeil. Mais il renvoie aussi à la représentation idéale de ce que chacun désire et voudrait peut-être réaliser. La part de rêve que chacun porte en soi semble pouvoir libérer de réalités douloureuses, monotones ou ennuyeuses et aider ainsi à orienter autrement sa vie, à la redessiner dans un ailleurs et un futur plus ou moins proches. Le rêve stimule l'individu qui ne se satisfait pas de ce qu'il est et de ce qu'il a. Il élargit les possibles.
Multiples sont les éveilleurs de rêves (lieux, objets, personnes, sensations, etc.). Les œuvres d'imagination sont aussi propices à la rêverie, elles permettent de se transporter dans d'autres espaces, d'autres époques, d'autres personnages. Cependant, le rêve risque de couper du réel et d'amener à ne vivre que de chimères ou de fantasmes qui empêchent d'agir dans le monde et de mener sa vie. En ce sens, il est parfois dénigré comme perte de temps, fuite des responsabilités. Quelle part de rêve préserver dans un monde soumis à l'efficacité et à la rentabilité immédiates ?
C'est tout autant l'être que l'avoir qui sont concernés par le rêve : rêves d'objets de consommation, rêves de luxe, rêves de ce que les nouvelles technologies autorisent, rêves d'une identité autre, plus belle, plus forte, plus grande. Ces aspirations induisent un idéal porté par le rêve, facteur d'élévation et de sublimation de chacun, force de création et d'innovation. Cet idéal n'est cependant pas le même pour tous. Tel individu ne pourra-t-il pas trouver médiocre ce que tel autre pense être à sa mesure ?
Quelle est la part intime et vraiment personnelle de ce rêve qui nous porte ? Partagé par un groupe ou par l'ensemble d'une société, le rêve peut devenir utopie et donner à chacun comme à tous des raisons de vivre et d'espérer. Mais l'optimisme utopique ne risque-t-il pas de porter atteinte à la part de rêve et de liberté que chacun porte au plus profond de soi ?
Indications bibliographiques
Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique.
Littérature
André Breton, Nadja
Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles
Erri de Luca, Montededio
Grégoire Delacourt, La Liste de mes envies
Robert Desnos, « J'ai tant rêvé de toi », Corps et biens
Fatou Diome, Le Ventre de l'Atlantique
Victor Hugo, Booz endormi, La Pente de la rêverie
Martin Luther King, I have a dream
La Fontaine, « La laitière et le pot au lait » ; « Les Souhaits »
Haruki Murakami, 1Q84 et Kafka sur le rivage
Nerval, Aurélia
Georges Perec, Les Choses
Arthur Rimbaud, « Rêvé pour l'hiver » et « Aube »
J. K. Rowling, Harry Potter (le miroir, le patronus)
Jean-Paul Sartre, Les Mots (rêveries enfantines)
Jules Vallès, L'Enfant (rêveries autour de Robinson Crusoe)
Paul Verlaine, « Mon rêve familier »
Virgile, Enéide (rêves de Didon et d'Enée, chant IV)
Essais
Gaston Bachelard, L'Air et les songes ; La Poétique de la rêverie
Charles Baudelaire, « La reine des facultés » in Salon de 1859
Sigmund Freud, L'Interprétation du rêve
Neal Gabler, Le Royaume de leurs rêves
Nancy Huston, L'Espèce fabulatrice
Albert Jacquard, Mon utopie
Edgar Morin, Le Cinéma ou l'homme imaginaire
Jean-Bertrand Pontalis, Le Dormeur éveillé
Films, documents iconographiques
La Rose pourpre du Caire, Woody Allen
Big fish, Tim Burton
La vie est belle, Frank Capra
Reality, Matteo Garrone
Eternal Sunshine of the Spotless mind, Michel Gondry
Rêves, Aki Kurosawa
Mulholland drive, David Lynch
Inception, Christopher Nolan
Mary Poppins, Robert Stevenson
Stalker, Andreï Tarkovski
Les Daguerréotypes (scène finale des rêves), Agnès Varda
Total recall, Paul Verhoeren (roman de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre)
Marc Chagall
Salvador Dali
Giorgio de Chirico
Paul Delvaux
Douanier Rousseau
Caspar David Friedrich
Paul Gauguin
René Magritte
Dreamlands - Des parcs d'attraction aux cités du futur (catalogue de l'exposition du Centre Pompidou, 2010)
Musique, chansons
Robert Schumann, Rêverie
Franz Listz, Liebestraüme
Claude Debussy, Prélude à l'après-midi d'un faune
Dominique A, La relève
Charles Aznavour, Je m'voyais déjà
Jacques Brel, La quête
Claude Dubois, J'aurais voulu être un artiste (le blues du businessman)
John Lennon, Imagine
Claude Nougaro, Le cinéma
Téléphone, Un autre monde
Boris Vian, La complainte du progrès
Laurent Voulzy, Le rêve du pêcheur
Sites internet
Base de textes pour l'étude des rêves dans les textes littéraires :
Exposition BNF - Utopie : La quête de la société idéale en Occident :
http://expositions.bnf.fr/utopie/index.htm
Mots clés
Rêve, rêverie, songe, méditation, fantasme, chimère, illusion, mirage, fantasmagorie
Imaginaire, irréel, merveilleux, paradisiaque, fabuleux
Bovarysme, symbolisme, surréalisme, onirisme
Imaginer, rêvasser, divaguer, délirer, déraisonner
Enchantement, idéal, utopie
Jardin secret, for intérieur
Doux rêveur, songe-creux, faire de beaux rêves, être dans les nuages, être dans la lune, réaliser un vieux rêve, rêver tout éveillé
Pays du rêve, rêve américain, pays de Cocagne, le rêve de l'Orient, Eldorado
L'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à côté, faire des châteaux en Espagne, c'est le rêve !
13 juillet 2012
Par Mme Vadelorge le 13 juillet 2012, 22:24 - Le sport, miroir de notre société ?
C'est le titre d'un débat proposé sur France culture le 11 juillet 2012.
Vous pouvez le voir ci-dessous (ou en suivant ce lien si vous ne parvenez pas à voir la vidéo): http://www.dailymotion.com/video/xs3jss_les-matins-isabelle-queval-et-xavier-delaporte_news?start=117 juin 2012
Par Mme Vadelorge le 17 juin 2012, 10:11 - Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique
L'affaire du " tweet Trierweiler" est l'occasion de trouver de nombreux articles sur le rôle que joue Twitter dans la vie médiatique. En voici un de Vincent Glad publié sur Slate.fr:
- Capture d'écran du tweet de Valérie Trierweiler. -
Comme tout événement marquant, le soutien de Valérie Trierweiler à Olivier Falorni a obtenu un surnom médiatique: «l'affaire du tweet», «le tweet de Trierweiler», voire tout simplement le «tweet». Si Valérie Trierweiler avait fait cette même déclaration dans Libération, aurait-on parlé de «l'affaire de l'interview de Libération»? Si elle avait répondu à une question de David Pujadas, parlerait-on encore aujourd'hui du «J.T. de Trierweiler»? Certainement pas.
Le message de Valérie Trierweiler s'apparente pourtant à un banal communiqué de presse. La source est clairement identifiée: le message est publié sur un compte certifié par Twitter et l'AFP a assuré une deuxième protection en contactant la Première dame pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un piratage.
D'ordinaire, le support utilisé pour envoyer un communiqué de presse n'est jamais précisé par aucun média. On ne parle pas du «PDF de 1,2 Mo de François Hollande» ou de l'«e-mail avec copie cachée de Martine Aubry».
Pourtant le mot «tweet» revient partout, dans tous les articles, dans tous les commentaires. On ne retient le nom du média qui diffuse un message que s'il porte en soi un autre message. «The medium is the message», comme dit la phrase la plus reprise de l'histoire des dissertations ratées en sciences de la communication. Alors, de quoi Twitter est-il le nom?
Première observation: Twitter n'est pas encore un moyen de communication naturel. Quand un média devient naturel, il disparaît du discours. On parlait du «fax» de Lionel Jospin pour sa déclaration de candidature en 2002 comme on parle du «tweet» de Valérie Trierweiler parce qu'ils sont anachroniques. Sur l'échelle de la modernité, l'un arrivait trop tard, l'autre trop tôt.
Qu'y a t-il de si nouveau dans Twitter? Avant tout sa brièveté, à en croire les nombreux articles de presse qui soulignent la disproportion entre la taille du message et l'ampleur de la polémique qu'il a suscité:
«Un tweet, un simple tweet de 135 signes, a fait voler la "normalité" hollandienne en éclats, mardi 12 juin.»
Edito du Monde«[...] il aura suffi d'un tweet de 135 signes, un petit message tapé sur un téléphone portable, pour déclencher la consternation dans tout le pays et la risée de l'étranger.»
Edito d'Ouest-France«Un tout petit tweet, 137 malheureux signes et la polémique est lancée, écartant l'actualité des législatives.»
France TV Info
(Eteignons une bonne fois pour toutes la controverse autour du nombre de signes du tweet de Trierweiler, il en comportait 137 signes. C'est dit.)
137 signes pour déclencher un séisme politique? Rien d'exceptionnel. Lionel Jospin avait eu besoin de 158 signes pour sidérer le paysage politique français:
«J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conséquences en me retirant de la vie politique après la fin de l’élection présidentielle.»
Plus près de nous, 3 signes, 3 simples signes, avaient lancé la campagne présidentielle le 15 février dernier. A la question de Laurence Ferrari «Avez-vous décidé de vous présenter?», Nicolas Sarkozy avait répondu
«Oui.»
L'idée –largement partagée– d'un abaissement du niveau du débat politique corrélé à la limitation du nombre de signes par Twitter est absurde. Cela fait bien longtemps que les médias audiovisuels ont accentué la tendance à la «petite phrase». Sur Twitter, il faut distinguer le tweet et le message. Un message sur Twitter peut largement dépasser les 140 signes. On peut atteindre les 2.000 signes, quand les politiques live-tweetent leur discours sur 10, 15 ou 20 tweets. On peut aussi viser un nombre infini de signes quand le tweet comporte un lien et renvoie vers une page web.
Ce qui compte dans les 140 signes, ce n'est pas la brièveté du discours mais la brièveté de l'exécution. Entre le moment où le tweet vient à l'esprit et le moment où il est irrémédiablement envoyé, il peut se passer quelque chose comme 15 secondes. En 15 secondes, on n'a pas toujours le temps de changer d'avis à la suite d'un mouvement d'humeur. Imaginons que Valérie Trierweiler ait un dispositif spécial pour tweeter, à la manière d'une valise nucléaire, et qu'il faille pour cela qu'un de ses collaborateurs lui apporte la valise et qu'elle active ensuite le code, il est probable que le fameux tweet ne serait jamais parti.
Par la simplicité de son dispositif, Twitter permet au politique d'intervenir immédiatement dans le débat public, alors qu'il est lui-même dans une configuration privée. C'est depuis son iPhone, lieu par excellence de la communication privée, que Valérie Trierweiler a publié son message. Elle sait bien qu'elle intervient dans le débat public, mais aucun médiateur ne vient solenniser le moment. Aucun message ne vient lui rappeler avant d'appuyer sur «send» que ceci va être publié, comme c'est le cas sur un blog avec la fonction «aperçu». Sur Twitter, tout le décorum de la publication a disparu, la pensée est à un bouton du débat public.
Nadine Morano avait théorisé cette instantanéité de la publication sur Twitter, et prônait un nécessaire droit à l'erreur.
De cette manière, Twitter est capable de contourner les circuits de communication politique traditionnels et de capter une forme de off consenti par le politique lui-même. Si Facebook déplace les frontières de la vie privée, Twitter déplace les frontières de l'intervention dans le débat public.
Si on parle du «tweet de Trierweiler», c'est parce que si le message avait dû être publié sur un autre support (communiqué de presse, interview télévisée...), il ne l'aurait sans doute jamais été. Mais il y a fort à parier que comme les adolescents ont appris à se servir de Facebook par l'erreur (ex: ne pas se mettre «in a relationship» si c'est pour devoir changer de statut 2 semaines plus tard), les politiques apprennent aussi de l'erreur de Trierweiler.
Vincent Glad
« billets précédents - page 8 de 10 - billets suivants »