22 octobre 2013

Séduction et numérique

Un article de Libération relate les déboires d'un jeune homme qui est passé par Internet pour déclarer sa flamme. 

Une vidéo présentée au festival de Toronto montre, entre autres, les relations amoureuses d'un adolescent d'aujourd'hui. 

19 septembre 2013

Un article sur le Darknet

Vous pouvez lire un article sur le site de Télérama à propos de la possibilité d'échanges anonymes sur un Internet alternatif, le Darknet. 

01 septembre 2013

Emissions sur le thème "Paroles, échanges, conversations et révolution numérique"

  • Une émission de France Inter a été consacrée à la question suivante : "Internet rend-il bête ?" Vous pouvez la réécouter ici.
  • Une émission de France Inter a aussi été consacrée à la modification des pratiques de l'écriture depuis l'arrivée des nouvelles technologies : "Tweets, mais, textos, qu'ont-ils changé à notre manière d'écrire ?" A réécouter ici
  • Une émission de France Culture, "Répliques", a été consacrée à la révolution numérique : à réécouter ici
  • Une émission consacrée à ce que devient la conversation sur France Culture. 

Pensez également à écouter ou podcaster l'émission "Place de la toile" sur France Culture : elle est entièrement consacrée aux usages d'Internet. 

20 mai 2013

Les sujets tombés en mai 2013

Vous pouvez voir ces sujets sur le site Magister

23 avril 2013

Premier thème 2013-2014 : Paroles, échanges, conversations, et révolution numérique

Ci-dessous, la présentation du thème par le Bulletin officiel du 25/01/13:


Problématique

Les échanges de paroles tissent les liens dont tout individu a besoin pour trouver sa place dans le groupe, la communauté, la société. Comment les nouvelles modalités de ces échanges prolongent-elles ou, au contraire, bouleversent-elles notre façon de penser la construction de soi, les relations humaines, les interactions avec les autres et avec le monde ?

Écrit/oral

Les échanges de paroles font intervenir une langue particulière, écrite ou orale. Les codes langagiers sont à prendre en compte dans leur diversité : codes spécifiques de l'échange épistolaire, codes de la conversation courante, codes des échanges numériques. Ces derniers brouillent les catégories de l'écrit et de l'oral : les échanges numériques, qui semblent instantanés et éphémères, laissent pourtant des traces tant il est encore vrai que « les paroles s'envolent et (que) les écrits restent ». Dans ces conditions, quels codes apprendre, à quelles normes se référer pour communiquer ?

Privé/public

Par ailleurs, la communication est régie a priori par des critères différents selon le caractère privé ou public de l'échange. Cette distinction semble cependant remise en cause par les réseaux sociaux qui rendent la vie privée accessible à des publics apparemment choisis. Construit-on son identité de la même façon dans un espace protégé - celui de la famille ou d'un cercle d'amis proches - et dans un réseau social ouvert ? Peut-il y avoir encore de la spontanéité dans les échanges ?

Professionnel/amateur

Qui détient une parole légitime ? Les frontières se brouillent entre la parole des experts, la parole reconnue, et la parole de tous et de chacun. Les blogs contribuent à forger les opinions. Ne risque-t-on pas de perdre la qualité professionnelle de l'appréciation portée sur une information ?

Lieu de pouvoirs/espace démocratique

Du fait du brouillage des codes, la conversation sur internet nivelle les relations hiérarchiques en rendant tout un chacun apparemment accessible. Chacun peut entrer dans une discussion, connaître la pensée de l'autre ou progresser dans la sienne grâce aux interactions entre plusieurs interlocuteurs. Les nouveaux moyens de communication permettent aussi de se constituer en lobbys pour influencer une décision, contourner les médias officiels, pour faire entendre une autre voix, résister à des pouvoirs autoritaires. Mais ces mêmes moyens peuvent être le lieu où se renforce l'expression d'un groupe de pression, qui diffuse des affirmations sans citer ses sources, fausse les informations, avec une efficacité redoutable. Les nouveaux moyens de communication aident-ils à mieux exercer la citoyenneté ?

Proximité/distance

Les lieux de communication traditionnels (la salle de banquet, le café, les salons, etc.) influent sur l'échange. La relation entre interlocuteurs est réinterrogée par les nouvelles technologies. En présence ou à distance (par la lettre, le téléphone, le courriel, les messageries et le contact vidéo), qu'est-ce qui se joue dans ces formes de dialogue ? Quels changements, quels gains, apportent les relations virtuelles par rapport aux relations directes en face à face ?

Continuité/discontinuité

La facilité des échanges, qui reposent sur des moyens techniques en permanence disponibles, permet une relation ininterrompue. Or se donner le temps de la réflexion, prendre de la distance avant de poursuivre et de revenir à une situation et, dans cette interruption, avoir mûri, progressé, organisé sa pensée, permet de mieux fonder son jugement. Cette manière de former ses idées a-t-elle encore un sens à l'heure des échanges spontanés, permanents, continus ? Le temps de la réflexion est-il le garant indispensable de la qualité de l'échange ?

Indications bibliographiques

Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique.

Littérature

I. Asimov, Face aux feux du soleil, 1957

D. Daeninckx, Camarades de classe, 2008

Ph. Delerm, Quelque chose en lui de Bartleby, 2009

W. Gibson, Neuromancien, 1985

J. Franzen, Freedom, 2011

G. Feydeau, La Puce à l'oreille, 1907

E. Ionesco, La Cantatrice chauve, 1950

La Bruyère, Les Caractères, « De la société et de la conversation », 1688

D. Glattauer, Quand souffle le vent du nord, 2011

S. Larsson, Millenium, 2005-2007

Molière, Les Précieuses ridicules, 1659 ; Le Misanthrope, 1665 ; Les Femmes savantes, 1672

M. Proust, Du côté de chez Swann, « Un amour de Swann », 1913

Y. Réza, Conversations après un enterrement, édition 2004 ; Le Dieu du carnage, 2008, repris au cinéma par Roman Polanski (Carnage, 2011)

N. Sarraute, Les Fruits d'or, 1963 ; Pour un oui ou pour un non, 1982

W. Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien, 1600

Essais

Books, dossier « Cinq cent millions d'amis », octobre 2010

La Conversation, collection Mutations, Autrement, 1999

Internet et les réseaux sociaux, La Documentation française, 2011

« Nos vies numériques », Sciences humaines n° 229, août-septembre 2011

D. Cardon, La Démocratie internet : promesses et limites, Le Seuil, 2010

A. Casilli, Les Liaisons numériques : Vers une nouvelle sociabilité ? 2010

Y. Citton, L'Avenir des humanités, Économie de la connaissance ou cultures de l'interprétation ? 2010

M. Doueihi, La Grande Conversion numérique, 2008

P. Flichy, Le Sacre de l'amateur : sociologie des passions ordinaires à l'ère du numérique, 2010

M. Fumaroli, Trois institutions littéraires, 1994 ; Quand l'Europe parlait français, 2001 

E. Godo, Une histoire de la conversation, 2003

E. Lazega, Réseaux sociaux et structures relationnelles, Que sais-je ? 2007

P. Mercklé, Sociologie des réseaux sociaux, 2004, 3ème édition, 2011

Films, séries télévisées

Mary and Max, Adam Elliot, 2009

Vous avez un message, Nora Ephron, 1998

The social network, David Fincher, 2010

L'Esquive, Abdellatif Kechiche, 2004

Ridicule, Patrice Leconte, 1996

Carnage, Roman Polanski, 2011 (repris de la pièce de Yasmina Réza, Le Dieu du carnage)

Le scaphandre et le papillon, Julian Schnabel, 2007

Denise au téléphone, Hal Salwen, 1995

Catfish, Henry Joost, Ariel Schulman, 2010

Contagion, Steven Soderbergh, 2011

Bref (Canal +)

Les Deschiens (« Le Bavard »)

Friends

Sites internet

Blogs des quotidiens de la presse écrite

http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SOCIO_001_0025 : « Exposition de soi et reconnaissance de singularités subjectives sur les sites de réseaux sociaux » (Fabien Granjon, Julie Denouël)

http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=SOC&ID_NUMPUBLIE=SOC_079&ID_ARTICLE=SOC_079_0075&FRM=N&REDIR=1 : « Smart mobs, Les communautés intelligentes mobiles ; comment reconnaître le futur quand il vous tombe dessus ? » (Howard Rheingold)

prospective-numerique.gouv.fr/place.publique

http://eduscol.education.fr/pid25134/seminaire-metamorphoses-livre-lecture.html : « La rémanence du livre dans les nouveaux dispositifs de communication » (Valérie Jeanne-Perrier)  ; « Un nouvel imaginaire de lecture à travers ses représentations visuelles » (Julia Bonaccorsi)

Mots clés

Correspondance, billet, lettre, carte postale, télégramme, message, texto, SMS, internet, réseaux sociaux, blog, twitter, facebook, skype

Conversation, dialogue, échange, communication, fonction phatique, fonction expressive, fonction impressive

Manuel de conversation, code, civilité, politesse, transgression, abréviation, phonétique, smiley, orthographe, norme

Parler, discuter, argumenter, affirmer, écouter, réfléchir, réagir, contredire, admettre, nuancer

Se dévoiler, se confier, s'épancher, être sincère, mentir, s'exposer, se vanter, page personnelle, profil, narcissisme, altérité, identité

Colporter, diffuser, divulguer, propager, créer le buzz, rumeur, information, qu'en-dira-t-on, réputation, cancans, ragots, marketing viral

Intimité, anonymat, silence, protection de la vie privée, confidentialité, discrétion, secret, meuble secrétaire, pudeur

Vitesse, immédiateté, temps réel, spontanéité, retenue, réserve, atermoiement, procrastination

Ami, association, coterie, cercle, club, communauté, forum de discussion, réseaux sociaux

Élégance, préciosité, affectation, naturel, franchise, ostentation

Expressions : tourner sa langue sept fois dans sa bouche, avoir l'esprit d'escalier, saisir la balle au bond, parler pour ne rien dire, répondre du tac au tac, tourner autour du pot, mdr, lol.

Thème n°2 2013-1024 - Cette part de rêve que chacun porte en soi

Ci-dessous la présentation du thème par le bulletin officiel du 25/01/13

Problématique

Le rêve se définit spontanément par opposition à la réalité. Il est généralement tenu pour une parenthèse de la conscience, une phase particulière du sommeil. Mais il renvoie aussi à la représentation idéale de ce que chacun désire et voudrait peut-être réaliser. La part de rêve que chacun porte en soi semble pouvoir libérer de réalités douloureuses, monotones ou ennuyeuses et aider ainsi à orienter autrement sa vie, à la redessiner dans un ailleurs et un futur plus ou moins proches. Le rêve stimule l'individu qui ne se satisfait pas de ce qu'il est et de ce qu'il a. Il élargit les possibles.

Multiples sont les éveilleurs de rêves (lieux, objets, personnes, sensations, etc.). Les œuvres d'imagination sont aussi propices à la rêverie, elles permettent de se transporter dans d'autres espaces, d'autres époques, d'autres personnages. Cependant, le rêve risque de couper du réel et d'amener à ne vivre que de chimères ou de fantasmes qui empêchent d'agir dans le monde et de mener sa vie. En ce sens, il est parfois dénigré comme perte de temps, fuite des responsabilités. Quelle part de rêve préserver dans un monde soumis à l'efficacité et à la rentabilité immédiates ?

C'est tout autant l'être que l'avoir qui sont concernés par le rêve : rêves d'objets de consommation, rêves de luxe, rêves de ce que les nouvelles technologies autorisent, rêves d'une identité autre, plus belle, plus forte, plus grande. Ces aspirations induisent un idéal porté par le rêve, facteur d'élévation et de sublimation de chacun, force de création et d'innovation. Cet idéal n'est cependant pas le même pour tous. Tel individu ne pourra-t-il pas trouver médiocre ce que tel autre pense être à sa mesure ?

Quelle est la part intime et vraiment personnelle de ce rêve qui nous porte ? Partagé par un groupe ou par l'ensemble d'une société, le rêve peut devenir utopie et donner à chacun comme à tous des raisons de vivre et d'espérer. Mais l'optimisme utopique ne risque-t-il pas de porter atteinte à la part de rêve et de liberté que chacun porte au plus profond de soi ?

Indications bibliographiques

Ces indications ne constituent en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique.

Littérature

André Breton, Nadja

Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles

Erri de Luca, Montededio

Grégoire Delacourt, La Liste de mes envies

Robert Desnos, « J'ai tant rêvé de toi », Corps et biens

Fatou Diome, Le Ventre de l'Atlantique

Victor Hugo, Booz endormi, La Pente de la rêverie

Martin Luther King, I have a dream

La Fontaine, « La laitière et le pot au lait » ; « Les Souhaits »

Haruki Murakami, 1Q84 et Kafka sur le rivage

Nerval, Aurélia

Georges Perec, Les Choses

Arthur Rimbaud, « Rêvé pour l'hiver » et « Aube »

J. K. Rowling, Harry Potter (le miroir, le patronus)

Jean-Paul Sartre, Les Mots (rêveries enfantines)

Jules Vallès, L'Enfant (rêveries autour de Robinson Crusoe)

Paul Verlaine, « Mon rêve familier »

Virgile, Enéide (rêves de Didon et d'Enée, chant IV)

Essais

Gaston Bachelard, L'Air et les songes ; La Poétique de la rêverie

Charles Baudelaire, « La reine des facultés » in Salon de 1859

Sigmund Freud, L'Interprétation du rêve

Neal Gabler, Le Royaume de leurs rêves

Nancy Huston, L'Espèce fabulatrice

Albert Jacquard, Mon utopie

Edgar Morin, Le Cinéma ou l'homme imaginaire

Jean-Bertrand Pontalis, Le Dormeur éveillé

Films, documents iconographiques

La Rose pourpre du Caire, Woody Allen

Big fish, Tim Burton

La vie est belle, Frank Capra

Reality, Matteo Garrone

Eternal Sunshine of the Spotless mind, Michel Gondry

Rêves, Aki Kurosawa

Mulholland drive, David Lynch

Inception, Christopher Nolan

Mary Poppins, Robert Stevenson

Stalker, Andreï Tarkovski

Les Daguerréotypes (scène finale des rêves), Agnès Varda

Total recall, Paul Verhoeren (roman de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre)

Marc Chagall

Salvador Dali

Giorgio de Chirico

Paul Delvaux

Douanier Rousseau

Caspar David Friedrich

Paul Gauguin

René Magritte

Dreamlands - Des parcs d'attraction aux cités du futur (catalogue de l'exposition du Centre Pompidou, 2010)

Musique, chansons

Robert Schumann, Rêverie

Franz Listz, Liebestraüme

Claude Debussy, Prélude à l'après-midi d'un faune

Dominique A, La relève 

Charles Aznavour, Je m'voyais déjà

Jacques Brel, La quête

Claude Dubois, J'aurais voulu être un artiste (le blues du businessman) 

John Lennon, Imagine

Claude Nougaro, Le cinéma

Téléphone, Un autre monde

Boris Vian, La complainte du progrès

Laurent Voulzy, Le rêve du pêcheur

Sites internet

Base de textes pour l'étude des rêves dans les textes littéraires :

http://www.reves.ca/index.php

Exposition BNF - Utopie : La quête de la société idéale en Occident :

http://expositions.bnf.fr/utopie/index.htm

Mots clés 

Rêve, rêverie, songe, méditation, fantasme, chimère, illusion, mirage, fantasmagorie

Imaginaire, irréel, merveilleux, paradisiaque, fabuleux

Bovarysme, symbolisme, surréalisme, onirisme

Imaginer, rêvasser, divaguer, délirer, déraisonner

Enchantement, idéal, utopie

Jardin secret, for intérieur

Doux rêveur, songe-creux, faire de beaux rêves, être dans les nuages, être dans la lune, réaliser un vieux rêve, rêver tout éveillé

Pays du rêve, rêve américain, pays de Cocagne, le rêve de l'Orient, Eldorado

L'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à côté, faire des châteaux en Espagne, c'est le rêve !

13 juillet 2012

En quoi le sport est-il le miroir de notre société ?

C'est le titre d'un débat proposé sur France culture le 11 juillet 2012.

Vous pouvez le voir ci-dessous (ou en suivant ce lien si vous ne parvenez pas à voir la vidéo): http://www.dailymotion.com/video/xs3jss_les-matins-isabelle-queval-et-xavier-delaporte_news?start=1
Les Matins - Isabelle Queval et Xavier Delaporte par franceculture

17 juin 2012

Les changements provoqués par l'usage de Twitter

L'affaire du " tweet Trierweiler" est l'occasion de trouver de nombreux articles sur le rôle que joue Twitter dans la vie médiatique. En voici un de Vincent Glad publié sur Slate.fr:

Affaire Trierweiler: de quoi Twitter est-il le nom?

La spécificité du tweet de la Première dame n'est pas la brièveté du message, mais de la brièveté de son exécution.

Capture d'écran du tweet de Valérie Trierweiler.

- Capture d'écran du tweet de Valérie Trierweiler. -

Comme tout événement marquant, le soutien de Valérie Trierweiler à Olivier Falorni a obtenu un surnom médiatique: «l'affaire du tweet»«le tweet de Trierweiler», voire tout simplement le «tweet». Si Valérie Trierweiler avait fait cette même déclaration dans Libération, aurait-on parlé de «l'affaire de l'interview de Libération»? Si elle avait répondu à une question de David Pujadas, parlerait-on encore aujourd'hui du «J.T. de Trierweiler»? Certainement pas. 

Le message de Valérie Trierweiler s'apparente pourtant à un banal communiqué de presse. La source est clairement identifiée: le message est publié sur un compte certifié par Twitter et l'AFP a assuré une deuxième protection en contactant la Première dame pour s'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un piratage.

D'ordinaire, le support utilisé pour envoyer un communiqué de presse n'est jamais précisé par aucun média. On ne parle pas du «PDF de 1,2 Mo de François Hollande» ou de l'«e-mail avec copie cachée de Martine Aubry»

Le fax de Jospin et le tweet de Trierweiler

Pourtant le mot «tweet» revient partout, dans tous les articles, dans tous les commentaires. On ne retient le nom du média qui diffuse un message que s'il porte en soi un autre message. «The medium is the message», comme dit la phrase la plus reprise de l'histoire des dissertations ratées en sciences de la communication. Alors, de quoi Twitter est-il le nom?

Première observation: Twitter n'est pas encore un moyen de communication naturel. Quand un média devient naturel, il disparaît du discours. On parlait du «fax» de Lionel Jospin pour sa déclaration de candidature en 2002 comme on parle du «tweet» de Valérie Trierweiler parce qu'ils sont anachroniques. Sur l'échelle de la modernité, l'un arrivait trop tard, l'autre trop tôt.

Qu'y a t-il de si nouveau dans Twitter? Avant tout sa brièveté, à en croire les nombreux articles de presse qui soulignent la disproportion entre la taille du message et l'ampleur de la polémique qu'il a suscité:

«Un tweet, un simple tweet de 135 signes, a fait voler la "normalité" hollandienne en éclats, mardi 12 juin.»
Edito du Monde

«[...] il aura suffi d'un tweet de 135 signes, un petit message tapé sur un téléphone portable, pour déclencher la consternation dans tout le pays et la risée de l'étranger.»
Edito d'Ouest-France

«Un tout petit tweet, 137 malheureux signes et la polémique est lancée, écartant l'actualité des législatives.»
France TV Info

(Eteignons une bonne fois pour toutes la controverse autour du nombre de signes du tweet de Trierweiler, il en comportait 137 signes. C'est dit.)

137 signes pour déclencher un séisme politique? Rien d'exceptionnel. Lionel Jospin avait eu besoin de 158 signes pour sidérer le paysage politique français: 

«J’assume pleinement la responsabilité de cet échec et j’en tire les conséquences en me retirant de la vie politique après la fin de l’élection présidentielle.» 

Plus près de nous, 3 signes, 3 simples signes, avaient lancé la campagne présidentielle le 15 février dernier. A la question de Laurence Ferrari «Avez-vous décidé de vous présenter?», Nicolas Sarkozy avait répondu 

«Oui.»

Et si Valérie Trierweiler tweetait avec une valise?

L'idée –largement partagée– d'un abaissement du niveau du débat politique corrélé à la limitation du nombre de signes par Twitter est absurde. Cela fait bien longtemps que les médias audiovisuels ont accentué la tendance à la «petite phrase». Sur Twitter, il faut distinguer le tweet et le message. Un message sur Twitter peut largement dépasser les 140 signes. On peut atteindre les 2.000 signes, quand les politiques live-tweetent leur discours sur 10, 15 ou 20 tweets. On peut aussi viser un nombre infini de signes quand le tweet comporte un lien et renvoie vers une page web.

Ce qui compte dans les 140 signes, ce n'est pas la brièveté du discours mais la brièveté de l'exécution. Entre le moment où le tweet vient à l'esprit et le moment où il est irrémédiablement envoyé, il peut se passer quelque chose comme 15 secondes. En 15 secondes, on n'a pas toujours le temps de changer d'avis à la suite d'un mouvement d'humeur. Imaginons que Valérie Trierweiler ait un dispositif spécial pour tweeter, à la manière d'une valise nucléaire, et qu'il faille pour cela qu'un de ses collaborateurs lui apporte la valise et qu'elle active ensuite le code, il est probable que le fameux tweet ne serait jamais parti.

Le décorum de la publication a disparu

Par la simplicité de son dispositif, Twitter permet au politique d'intervenir immédiatement dans le débat public, alors qu'il est lui-même dans une configuration privée. C'est depuis son iPhone, lieu par excellence de la communication privée, que Valérie Trierweiler a publié son message. Elle sait bien qu'elle intervient dans le débat public, mais aucun médiateur ne vient solenniser le moment. Aucun message ne vient lui rappeler avant d'appuyer sur «send» que ceci va être publié, comme c'est le cas sur un blog avec la fonction «aperçu». Sur Twitter, tout le décorum de la publication a disparu, la pensée est à un bouton du débat public.

Nadine Morano avait théorisé cette instantanéité de la publication sur Twitter, et prônait un nécessaire droit à l'erreur.

De cette manière, Twitter est capable de contourner les circuits de communication politique traditionnels et de capter une forme de off consenti par le politique lui-même. Si Facebook déplace les frontières de la vie privée, Twitter déplace les frontières de l'intervention dans le débat public.

Si on parle du «tweet de Trierweiler», c'est parce que si le message avait dû être publié sur un autre support (communiqué de presse, interview télévisée...), il ne l'aurait sans doute jamais été. Mais il y a fort à parier que comme les adolescents ont appris à se servir de Facebook par l'erreur (ex: ne pas se mettre «in a relationship» si c'est pour devoir changer de statut 2 semaines plus tard), les politiques apprennent aussi de l'erreur de Trierweiler.

Vincent Glad

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