CH1. La mise en oeuvre du projet républicain

Introduction

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Jules Didier et Jacques Guiaud,
Musée Carnavalet, 1870-1871,
Huile sur toile, 250x400 cm

Suite à la capitulation de l’armée française à Sedan le 2 septembre 1870 face aux armées prussiennes, l’empereur Napoléon III est emprisonné. Le 4 septembre, les députés du Corps législatif vote la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie, une foule envahit alors l’Assemblée pour réclamer la proclamation de la République, des députés suggèrent alors à la foule de se rendre à l’Hôtel-de-Ville de Paris pour la proclamer faisant ainsi référence aux souvenirs de la Révolution de 1789 et de celle de février 1848. Ce sont les leaders républicains Léon Gambetta et Jules Favre appuyés par Jules Ferry qui proclament alors la République devant l’Hôtel-de-Ville au milieu de la liesse générale alors que la situation militaire de la France est critique. Un gouvernement de défense nationale est instauré et doit poursuivre la guerre contre la Prusse.

Q1. Quelle scène du 4 septembre est représentée dans ce tableau ?

I. La conquête du pouvoir par les Républicains

A. La difficile affirmation de la République

1. La Commune de Paris
a) Chronologie

Récit, émission Karambolage Arte

19 septembre 1870 : Début du siège de Paris par l’armée prussienne
28 janvier 1871 : Signature de l’armistice et capitulation de Paris
8 février 1871 : Victoire des royalistes aux élections législatives
18 mars 1871 : Début de la Commune de Paris
10 mai  1871 : Traité entre la France et la Prusse, perte de l’Alsace-Lorraine et fortes indemnités de guerre
21-28 mai  1871 : La « Semaine sanglante »
4 septembre 1870  : Proclamation de la République

 

 

Q2. Qu'est-ce que la Commune de Paris et quel rôle y joue Louise Michel ?

 

 

2. L’échec de la Restauration monarchique

Entre 1870 et 1875, situation contradictoire, c’est une majorité constituée de monarchistes hostiles à la République qui est au pouvoir. Le siège du gouvernement et des Chambres est à Versailles. Lire le cours B p. 132-133

Q3. Pourquoi la Monarchie n’est-elle pas rétablie alors que les monarchistes ont la majorité à l’Assemblée nationale ?

B. Les Républicains prennent le pouvoir

1. Les institutions de la IIIe République

Suite au ralliement des députés orléanistes à une République conservatrice, des lois constitutionnelles (amendement Wallon) sont votées en 1875 qui résultent d’un compromis entre les Républicains modérés et les orléanistes : ces lois fixent l’organisation des pouvoirs de la IIIIe République

Q4. A partir du schéma institutionnel ci-contre justifiez l’affirmation suivante : « La IIIe République en 1875 est un régime parlementaire avec néanmoins un pouvoir présidentiel fort. »

 

2. Les Républicains prennent le pouvoir

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Léon Bonnat, Léon Gambetta, 1886.

En 1876-1877 se déroule un bras de fer entre le Parlement et le président de la République Mac Mahon. En effet, en 1876 les républicains remportent les élections législatives mais le Président de la République choisit des Présidents du conseil conservateurs. La crise éclate le 16 mai 1877 : Mac Mahon dissout l’Assemblée nationale, L. Gambetta déclare alors « Nous partons 363, nous reviendrons 400 », « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre ». Les élections législatives sont de nouveau remportées par les Républicains. Mac Mahon se « soumet » dans un premier temps à cette victoire mais hostile à la politique républicaine du gouvernement et suite à la conquête du Sénat par les Républicains en janvier 1879, il démissionne en janvier 1879 ; le nouveau Président de la République est Jules Grévy, un républicain. Dans le bras de fer entre le Président et l’Assemblée c’est cette dernière qui sort vainqueur.

Ainsi au début de la décennie 1880 les Républicains se sont imposés en France et occupent toutes les institutions de la République. Le fonctionnement de la IIIe République se définit alors comme un régime démocratique (fondé sur le suffrage universel masculin) et parlementaire (prééminence du Parlement dans les institutions).

Synthèse I. Pourquoi peut-on dire que la République ne s'installe véritablement qu'entre 1875 et 1880

II. L’enracinement de la République

A. L’instauration d’une démocratie libérale

1. L’instauration des grandes libertés publiques

La nature démocratique de la IIIe République s’enracine à travers le vote de lois emblématiques
Chronologie
Juin 1881  : liberté de réunion publiques
juillet 1881 : Liberté de la presse et d’affichage
mars 1884 : Liberté syndicale
juillet 1901 : Liberté d’association

Q5. Expliquez pourquoi l’instauration des grandes libertés publiques est indispensable à l’établissement de la démocratie fondée sur le suffrage universel

2. Les élections

A partir de la décennie 1880 les Français adhèrent massivement à la République et celle-ci s’enracine dans une nouvelle définition de la culture politique. La France est désormais une démocratie au sein de laquelle s’affrontent des tendances politiques à travers des débats parlementaires relayés par une presse en plein essor. Monarchistes, républicains modérés, radicaux et socialistes s’affrontent lors d’élections au suffrage universel masculin auquel la majorité des Français est désormais profondément attaché.

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Alfred-Henri Bramtot, Le Suffrage universel,

Documents p. 142-143

Q6a. Document 1. Quel argument les hommes de IIIe République avancent-ils pour refuser le doit de vote aux femmes ?

Q6b. Document 2. Que pense Octave Mirbeau du suffrage universel ?

Q6c. Document 3. Comment ce tableau met-il en scène l’adhésion des Français au suffrage universel ?

Q6d. Document 4. Pourquoi Gambetta s’adresse-t-il aux paysans et comment veut-il les convaincre de voter pour les Républicains ?

 

B. L’enracinement des valeurs de la République

1. L’adoption des symboles républicains

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Claude Monet, Rue Saint-Denis,
fête du 30 juin 1878

La symbolique républicaine s’impose également avec l’adoption officielle de symboles qui rattachent la République à la Révolution de 1789. L’effigie de Marianne avec son bonnet phrygien se multiplie dès 1877 ; sur proposition de Gambetta en 1879 la Marseillaise devient l’hymne national de la République et le 14 juillet 1880, première fête nationale célébrée ce jour (décision de juin 1880), voit toute la symbolique républicaine envahir les rues. A cette occasion le drapeau tricolore s’impose comme le symbole de la République et de la France et la devise (liberté, égalité, fraternité) est inscrite sur tous les frontons des édifices publics.

 

 

 

Q7. Quels symboles républicains sont présents dans le tableau d’A.-H. Bramtot, Le Suffrage Universel (Voir précédent ci-dessus) ?
Q8. Cherchez dans le tableau de Claude Monet ci-dessus un indice montrant que la République s'identifie au drapeau tricolore.

Q9. D’après le texte ci-dessus pourquoi le 14 juillet a été choisi comme fête nationale ?

 

2. Les lois scolaires.

Les lois sur l’école de Jules Ferry de 1881-1882, qui instaurent une école gratuite, obligatoire et laïque, visent à enraciner la République dans l’école et à affaiblir l’influence de l’Eglise sur l’enseignement. Les instituteurs deviennent alors les vecteurs essentiels de la culture républicaine à travers la France.

a) Chronologie
juin 1881 : Loi établissant la gratuité absolue de l’enseignement primaires dans les écoles publiques
mars 1882 : Loi instituant le caractère obligatoire et laïque de l’école primaire publique
octobre 1886 : Le personnel de l’école primaire doit être exclusivement laïque dans les écoles publiques

b) Jules Ferry écrit aux instituteurs
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c) La République dans les manuels scolaires
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Q10. Présentez les deux documents ci-dessus

Q11. Quels sont les éléments de la culture républicaine que les instituteurs doivent transmettre à leurs élèves ?

 

3. PPO. Les funérailles nationales de Victor Hugo, 1er juin 1885

Q12. Pourquoi peut-on dire que les autorités de la IIIe République ont utilisé les funérailles de Hugo pour diffuser une « mythologie laïque et républicaine » ?

Synthèse II. Comment la République s'enracine-t-elle dans la société française dans la décennie 1880 ?

III. Les limites du consensus républicain

A. Une République toujours contestée et menacée

1. Les oppositions à la République

La République n’est pas acceptée par tous les courants politiques : les milieux monarchistes, nationalistes et cléricaux ne se rallient pas à un régime qu’ils jugent contraire aux valeurs traditionnelles de la France, ils réclament l’établissement d’un régime autoritaire dont la morale chrétienne est le fondement.
A gauche c’est le mouvement ouvrier, en partie écrasé lors de la Commune de 1871, qui dénonce l’absence de mesures sociales dans une République que les ouviers jugent trop bourgeoise. Néanmoins le combat socialiste s’enracine durablement dans la culture républicaine grâce à Jean Jaurès membre de la SFIO créée en 1905.
Des anarchistes commettent des attentats en France comme l’assassinat du Président de la république Sadi Carnot en 1894 ou comme en décembre 1893 où un jeune anarchiste blesse plusieurs personnes en lançant une bombe dans le Palais bourbon, siège de l’Assemblée.
L’antiparlementarisme se développe à la fin des années 1880 sur fond de crise économique. En 1888-1889 le général Boulanger, très populaire, menace la République d’un coup d’Etat pour mettre fin à un régime parlementaire jugé trop faible. Mais le boulangisme prend fin avec la mort du général qui se suicide en 1891. Le scandale de Panama au début des années 1890, qui est une affaire de corruption de parlementaires, éclabousse certains hommes politiques et nourrit l’antiparlementarisme.          

2. L’Affaire Dreyfus

Mais c’est l’Affaire Dreyfus (1894-1899) qui ébranle le plus fortement la République en déclenchant une crise politique majeure qui divise les républicains : les radicaux sont majoritairement dreyfusards tandis que de nombreux députés républicains modérés (comme le Président Felix Faure) se rangent dans le camp antidreyfusard. L’antisémitisme se développe. Aux dreyfusards qui combattent pour réparer une erreur judiciaire au nom de la justice et de la vérité, les antidreyfusards opposent la raison d’Etat, la nécessaire défense de l’armée et la nationalisme. La grâce (1899), puis la réhabilitation (1906) de Dreyfus mettent un terme à la crise mais l’Affaire marque durablement les esprits.

Récit, émission Karambolage Arte

Q13. Quel écrivain célèbre « relance » l’Affaire Dreyfus et comment ?

Q14. Pourquoi peut-on dire que l’Affaire Dreyfus fragilise la IIIe République ?

 

B. Les débats et la mise en œuvre de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 (PPO)

Dossier documentaire « Histoire par l’image » en ligne

Questions

Q15a. D’après le contexte historique quel est le but de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat voulue par les Républicains.

Q15b. Qu’instaure l’article 1 de la loi du 9 décembre 1905 ?

Q15c. Justifiez l’affirmations suivante : « l’article 2 de la loi du 9 décembre 1905 instaure la neutralité de l’Etat en matière religieuse »

Q15d. Comment se passe l’inventaire des biens de l’Eglise à Cominac en Haute-Ariège ?

Q15e. Comment se passe l’inventaire des biens de l’Eglise à Boeschepe et à Berthen dans le Nord ?

Synthèse III. Pourquoi peut-on dire qu'au début du XXe siècle la République demeure fragile et contestée ?

Conclusion

La IIIe République est née de la chute du Second empire mais le régime républicain n’est finalement consolidé que vers 1875 car la Restauration monarchique n’a pas pu se réaliser. La République devient un régime parlementaire car le Parlement joue un rôle central dans les institutions. Entre 1875 et 1879 les Républicains conquièrent tous les pouvoirs de la République.
La IIIe République est une démocratie libérale fondée sur le suffrage universel masculin et l’instauration des grandes libertés publiques (réunion, presse, association) ; les valeurs de la République, fondées sur celles issues de la Révolution française, s’enracinent notamment grâce à l’instauration d’une école publique laïque, obligatoire et gratuite.
Néanmoins la IIIe République ne fait pas l’unanimité et elle est contestée à gauche par le mouvement socialiste et les anarchistes et aussi par la droite nationaliste qui lors de l’Affaire Dreyfus défend l’Armée contre l’Etat de droit. Un des derniers grands combats des Républicains est l’instauration de la séparation des Eglises et de l’Etat qui se fait contre l’influence de l’Eglise catholique en France et qui suscite de nombreuses résistances poussant les Républicains à la conciliation.