Mon très cher frère,

J'ai appris cette triste nouvelle et toute la famille se joint à moi pour te présenter nos condoléances. J'espère que tu vas bien malgré tout. On te soutient tous.  Émile sera toujours gravé dans nos cœurs.

J'aimerais bien venir te réconforter mais cela hélas n'est pas possible car ma jambe me fait toujours autant souffrir. La bataille de Sedan est toujours ancré dans ma tête, je me rappelle de ce moment comme si c'était hier. Je me souviens du bruit de la balle qui a transpercé mon genou.

Maintenant je marche avec une canne et je boite. Nous avons beaucoup pleuré quand cette nouvelle nous est  parvenue. Célestine a dû être très triste mais c'est une battante.

Je t'envoie aussi cette lettre pour évoquer la blessure au genou que je me suis faiteà la guerre de Sedan. Je ne te l'ai jamais dit car je ne voulais pas que tu t'inquiètes pour moi. Quand je me suis blessé, j'étais à cheval. Je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j'avais reçu une balle à la jambe.

J'ai été désarçonné et j'ai perdu connaissance. On m'a ramené à l'arrière. Je me suis réveillé avec un bandage, j'étais assoiffé et j'avais des douleurs atroces.

Je pense à Marie, à son dévouement car elle soigne bien les blessés. Je sais à quel point c'est important d'être soutenu. Grâce aux infirmières, j'ai repris goût à la vie. C'est comme ça que je connu ma femme. Je suis très fier que ma fille aie repris le flambeau.

Même si nous avons donné tout notre courage à Sedan, nous avons perdu contre les Boches. Cette guerre, on va la gagner grâce à tes efforts et récupérer l'Alsace et la Lorraine. Émile n'est pas mort en vain. Ne perd pas espoir, la victoire sera nôtre un jour.

Je t'embrasse de tout mon cœur.

                                                                    Constant

 

La classe des CM2 de Mme Freyssinet, école des Chênes, Cergy