LE CLASSICISME

  1. Contexte historique et social
  1. Les règnes de Louis XIII et Louis XIV
  • Louis XIII. Règne marqué par l’arrivée au pouvoir de Richelieu : catholique convaincu, qui permet au roi de s’affranchir des Habsbourg. Etat fort, de répressions sans pitié. Influence de Richelieu sur le monde des lettres et des arts => développement des idées de grandeur et d’héroïsme, et début de l’idée d’ordre, de mesure et d’équilibre dans l’art.
  • Louis XIV. En 1661, accède au pouvoir dans un pays en paix et respecté de ses voisin. Des révoltes encore, de mauvaises récoltes, une misère du peuple cependant. Roi jeune, qui aime s’amuser, danser, avoir des maîtresses… Sait occuper les seigneurs par une vie de cour riche et variée, a autour de lui des écrivains qui cultivent la grandeur de son règne, et à qui il vient en aide à l’aide de commandes et protections.
  1. Organisation et évolutions de la société
  • Elaboration de l’idéal d’honnêteté : il faut conférer à l’homme une grandeur et une dignité nouvelle, en opposition à la grossièreté des mœurs du siècle d’Henri IV. Ces vertus sont cultivées dans les salons, lieux de rencontre entre aristocratie et beaux esprits dirigés par des femmes, puis diffusées dans les romans. - -
  • Honnête homme : homme aux multiples facettes, alliant qualités de l’âme, du corps, de l’esprit. Brillant en société, à l’aise dans les activités physiques, galant, caractérisé par le « juste milieu ». Souci d’équilibre, d’harmonie, de bienséance.
  1. La langue
  • Dès le début du XVIIe, grande réflexion : faut-il suivre le modèle complexe, ample et orné de la phrase de Cicéron ou la sobriété de celle de Sénèque ? On penche pour un juste milieu, entre le dépouillement du style et l’élégance de la phrase.
  • Création de l’Académie française par Richelieu, entre 1635-1637. But : unifier le pays par la langue, et en assurer le rayonnement. Siècle des grammairiens, notamment Vaugelas. Long travail de maturation de la langue française, qui réussit enfin à s’émanciper totalement du latin.

 

  1. Histoire des idées

 

  1. La congrégation des jésuites
  • Fondée en 1540 par Ignace de Loyola. Les jésuites possèdent des collèges prestigieux, qui intègrent tous les nouveaux acquis de la science et des arts, notamment la pratique de l’art dramatique.
  • Doctrine résolument optimiste : Dieu accorde à l’homme un salut qu’il est libre d’accepter ou de refuser. S’’adapte très bien à la conception héroïque de l’homme mais aussi, et c’est la critique de Pascal, aux débauches et écarts de conduite de la vie mondaine (grâce à la casuistique, la rhétorique jésuite). Foi triomphale, qui se dégage de l’image misérable de l’homme, qui trouve son expression dans des églises baroques grandioses.
  1. Le Jansénisme
  • Fondé sur la pensée de Saint augustin telle que la prêchait Jansénius, évêque d’Ypres. Doctrine ancrée dans le couvent de Port-Royal. L’homme est prédestiné : Dieu a choisi de lui accorder ou non son salut (il ne peut donc pas le gagner lui-même).
  • Mode de vie austère : il ne s’agit pas de perdre la grâce que Dieu a peut-être accordée… Idée de la misère de l’homme, sa faiblesse. Doctrine pessimiste, qui prône une littérature faite de rigueur, de méthode.
  • En opposition totale avec la vie mondaine de la cour, qui les rejette.

 

  1. L’apogée du classicisme (1660-1680)
  1. Caractéristiques de la pensée et de l’esthétique classiques
  • Ne peut être détaché de l’atmosphère optimiste du règne de Louis XIV : recherche des joies des plaisirs intellectuels et mondains. Existence d’une littérature encomiastique, mais plus que cela, le roi est présent partout : les écrivains recherchent l’assentiment de sa Majesté.
  • Siècle des théoriciens : traités à foison, qui parfois simplifient exagérément. Lettres, préfaces dans lesquelles les auteurs expliquent leurs choix, se justifient, se défendent contre leurs détracteurs. Querelles nombreuses… Goût démesuré pour les règles, que l’on multiplie, précise, complexifie à l’envie.
  • Règles essentielles :
  • Valeur moralisatrice de l’art : placere et docere, plaire et instruire.
  • Imitation de la nature à travers les modèles anciens
  • Refus de la réalité brute : pour la réalité acceptable (vraisemblance)
  • Respect des bienséances et des trois unités
  • Recherche d’un beau intemporel, lié à une analyse du cœur humain
  • Importance accordée au plaisir du public : les notions de bienséance, de grâce, d’élégance deviennent essentielles. Rejet absolu de la démesure, « atticisme » : style dépouillé, concision et clarté. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » Boileau.
  1. Variété de la littérature classique
  • Poésie et épopée, peu concluants 
  • Les genres mondains : la maxime (formulation brillante, lapidaire, faisant souvent preuve d’humour ou d’ironie) ; la lettre (érudition, galanterie, montrer la maîtrise de la parole, souvent lue à un cercle d’amis)
  • Le sermon : un genre à part entière au XVIIe. Les prédicateurs s’adressent à un public choisi et érudit, nécessité de soigner composition, argumentation, choix des allégories et images, pour frapper le public
  • Le théâtre. Les Italiens, le Palais-Royal, le prestige des troupes. Art dramatique : le préféré de la cour, quel que soit le genre.
  • Le roman. Grande richesse : nouvelles, récits utopiques, récits épistolaires. Une œuvre majeure : La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette.
  1. Survivances baroques à l’époque classique
  • Ballets de cour et divertissements royaux : en mai 1664, Les plaisirs de l’île enchantée. Sur plusieurs jours, courses, comédies, danses, ballets, collations, etc. Faste absolu des fêtes, démesure totale.
  • Comédies ballets et pièces à machines. Goût du public pour un spectacle varié, de multiples plaisirs en même temps. Décors, costumes, orchestres : tout doit être somptueux.
  • Opéras : naissance au XVIIe, d’inspiration baroque. Opéras mythologiques, là encore caractérisés par les décors et costumes ostentatoires.

 

  1. Au soir du classicisme
  • Mort de tous les principaux auteurs entre 1675 et 1685.
  • Règne de Louis XIV moins brillant qu’à ses débuts ; nouvelles guerres extérieures, plus difficiles ; protestants à nouveau poursuivis.  Renouveau de l’austérité, qui contraste fortement avec les divertissements d’avant. Louis XIV a épousé Mme de Maintenon, très dévote, qui refuse que la Bible soit jouée avec trop de fastes…
  • Tragédie en déclin à partir de la mort de Racine et Corneille. Roman qui ne se renouvelle plus. Le modèle français, à force de règles et de rigueurs, est devenu raide, sec.
  • Querelle des Anciens et des Modernes, enfin, qui annonce l’esprit du XVIIIe siècle. Début des réflexions sur la nécessité de l’examen pour parvenir à la connaissance et à la vérité, début des contestations de la foi en Dieu.