LE BAROQUE

  1. Contexte historique et social
  1. La France de la fin du XVIe siècle
  • En proie aux troubles, et notamment à la guerre civile à travers les guerres de religion : huit conflits se succèdent entre 1562 et 1593, date de l’abjuration d’Henri IV.
  • 1572 : massacre des protestants lors de la Saint-Barthélémy
  • Henri III : meurt poignardé ; Henri IV également en 1610 assassiné par Ravaillac
  • Trente ans de guerres, d’intrigues secrètes, de massacres, de famines, d’épidémies. Spectacle de la mort violente devenu familier. Sentiment d’instabilité générale, de la fragilité de la vie, désir d’affirmer sa foi et ses haines aux yeux du monde y compris par la violence, puisqu’elle est inhérente à la vie.
  • Ces éléments deviennent les sources d’inspiration et thèmes de prédilection des écrivains baroques.
  1. Organisation et évolutions de la société
  • Très nettement hiérarchisée. La majeure partie du pays est composée du peuple, à tort considéré comme illettré, grossier : « la lie du peuple », écrit Vaugelas.
  • A l’opposé du peuple : la noblesse, parisienne ou provinciale, proche de la cour. Manières assez grossières, peu raffinée : se transformera au XVIIe avec l’exigence d’honnêteté.
  1. La langue
  • Le latin : langue des hommes d’église, des savants, des philosophes. Le reste des français parle soit des idiomes régionaux.
  • Les écrivains baroques : emploient le français de la Pléiade, revendiqué par Du Bellay dans Défense et Illustration de la langue française.

 

  1. Histoire des idées
  1. Réforme et contre-réforme
  • Les réformés : doctrine austère, héritée de Calvin. Propagent l’idée de la misère de l’homme, de sa faiblesse face à Dieu tout puissant. Poésie baroque protestante peu connue, assez anecdotique.
  • La Contre-réforme. Issue du Concile de Trente, entre 1545 et 1565. Réaffirmation des dogmes de l’église catholique pour lutter contre le protestantisme : péché originel, présence réelle du Christ dans l’hostie, rôle du clergé.
  • Deux ordres divergents : jésuites et jansénistes, mais influent davantage sur le classicisme que sur le baroque.
  1. Les philosophies non religieuses
  • Néoplatonisme : observation du microcosme qui permet d’accéder, de s’élever spirituellement au macrocosme. Idée que l’homme peut trouver la tranquilité d’esprit dans un Ailleurs, divin ou profane. Théories du Beau et de l’Amour inspirées de Platon, théorie des Idées également.
  • Epicurisme. Opposée aux conceptions catholiques : ces derniers l’associent à une dépravation des mœurs. Jouissance modérée des plaisirs de la vie, idée qui se développe au XVIIe à partir du « Carpe Diem » horatien et qui donnera naissance au libertinage.

 

  1. Découverte et naissance du baroque : 1598-1630
  1. Les arts
  • Liens très tôt établis entre la catholicité romaine et l’art baroque. Eglises, retables, édifices en rapport avec la religion.
  • Quatre grandes caractéristiques :
  • Goût du monumental (Saint-Pierre de Rome)
  • Volonté d’impressionner, de frapper fortement le spectateur (L’Extase de Sainte-Thérèse, Le Bernin)
  • Exhibition de la puissance matérielle (ors, tapisseries, pierres précieuses, débauches de marbres,…)
  • Goût du singulier et de l’insolite (trompe l’œil, détails macabres, mystères – voir étymologie : perle irrégulière)

 

  1. La littérature
  • Causes de l’émergence du baroque : effondrement des idéaux et des valeurs humanistes, austérité de la Réforme, climat d’optimisme de la Contre-Réforme, sentiment de mélancolie, de tension dramatique, et spectacle continuel de la mort.
  • Thèmes et constantes :
  • Univers changeant ou en mouvement : eau, feu, bulle, vent, nuage, feu, sorciers,…
  • Sentiment douloureux de l’écoulement du temps, images d’orage, de tempêtes
  • Monde instable, théâtre de l’illusion : theatrum mundi. Importance du théâtre, de la mise en abyme, du théâtre dans le théâtre.
  • L’homme n’est qu’un masque, il cache sa réelle nature.
  • Difficile conciliation de la fragilité de l’homme et de la confiance nécessaire en Dieu, seul point d’attache
  • Omniprésence de la mort : description de cadavres, scènes sanglantes, hypotyposes
  • Goût pour le féérique, l’outrance, l’excès, le déséquilibre (hyperboles, métaphores)
  • Omniprésence de la sensibilité et du pathos

 

  1. Vers le classicisme
  • Retour à la paix civile qui marque le règne d’Henri IV 
  • Conséquence de la Contre-Réforme, qui étouffe les tentatives de l’esprit pour se libérer des contraintes
  • Baroque qui devient plus léger, plus ludique
  • La société évolue vers plus de raffinement, la noblesse demande plus de délicatesse, de plaisir
  • L’ordre et la mesure deviennent les standards de l’art et de la littérature, en lien avec le nouveau comportement attendu de l’homme à la cour : fondé sur l’honnêteté, la simplicité, la bienséance